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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

An Musée GUIMET : PAYSAGES JAPONAIS, de HOKUSAI à HASUI

           C''est cette exposition qui m'a attirée dès la rentrée au musée Guimet         

            Les porcelaines de monsieur ISE resteront cependant aussi comme un très beau moment....

          Cette sélection d'une centaine d'estampes issues du fond du MNAAG occupe modestement la rotonde du

3e étage. Mais Hokusai et Hiroshige écrasent si fortement leurs concurrents.... et Hiroshige est si fortement représenté que, bon, disons le: c'est une expo Hiroshige. Ca ne me dérange pas puisque je l'adore, mais j'aurais bien aimé rencontrer quelqu'un que je ne connaisse pas déjà par coeur....

          Le paysage est intégré aux premières images du mouvement ukiyo-e vers 1680. Il permet de situer les scènes de genre dans un décor assez codifié. La paysage japonais est un reflet des conceptions chinoises, nourries de taoïsme qui oppose les entités Yin et Yang: il doit allier la montagne et l'eau. Il doit être harmonie; harmonie entre les éléments naturels, mais aussi harmonie avec l'homme. Il suffit de regarder tous ces petits pêcheurs, qu'ils tiennent leur ligne ou tirent leur filet, complètement insérés dans un décor dont ils semblent faire partie ad aeternam....

         La montagne par excellence, c'est évidemment le Mont Fuji (montagne sacrée dès le 8e siècle)... et au 15e siècle, Sesshu Toyo le représente, surplombant une étendue d'eau et une mer de nuages.

        Les Trente-six vues du mont Fuji de Katsushika Hokusai (1760 / 1849) ont pour but de décrire les divers aspects de la montagne, au fil des saisons et des heures. Hokusai utilise abondamment le bleu dit "de Berlin". Et c'est ce qui nous permet d'identifier au premier regard un Hokusai ou un Hiroshige: l'aîné s'en tient au bleu se mariant

au blanc/crème, alors que le jeune a une palette plus riche mais également très caractéristique: un brun châtaigne tirant sur le rouge, un bleu /vert sombre, profond....

         Utagawa Hiroshige (1797 /1858) ne se contente pas de regarder la mer. Il pérégrine à travers tout le Japon (Cinquante-trois relais du Tokaido par exemple.... et bien d'autres séries), et au fil des jours représente ce qu'il voit, paysages bien sûr, mais aussi personnages plus ou moins pittoresques, décrits souvent avec humour (voir ceux qui luttent contre le

vent et l'averse!) petits ponts, restaurants.... Il y a chez tous ces estampistes une volonté de populariser, grâce à la technique qui permet la reproduction et la diffusion de leurs oeuvres, la connaissance des lieux célèbres de leur pays.        

          A tout seigneur tout honneur: vous voulez voir la Grande vague de Hokusai (Sous la vague au large de Kanagawa).

          Elle est là, elle est bien là, mais se cache, modeste, derrière un rideau qui la préserve de la lumière. Pour cette raison, nous ne l'avons pas photographiée.

[Je rappelle que les photos sont numérotées de haut en bas et de gauche à droite...] 

          A tout seigneur tout honneur, le Mont Fuji. En (1): Trente-six vues du mont Fuji, Vent frais pas matin clair (1831). Vous savez? Je pense à François Pompon. Qui ne sculptait pas un animal mais une "essence" d'animal. Ici, Hokusai ne représente pas une

montagne,  mais l'essence même de la montagne, avec une extraordinaire présence, une arrogante pureté. D'une beauté épurée totalement

fascinante.... En (3): Trente-six vues du mont Fuji, Kajikazawa dans la province de Kai (1831). Le petit homme sur son rocher,

au dessus de l'écume dentelée des vagues.... Mer, brume confondues comme un écrin au Fuji.        

En (4), dans Voyage au fil des cascades des différentes provinces: Chutes d'eau de Kirifuri au mont Kurokami (1832). Elle n'a rien de réaliste, cette cascade. Si vous la regardez de loin, et encore vous pouvez la retourner, elle vous apparaîtra comme totalement abstraite....

      Pourtant sur le côté, il y a deux petits hommes, dont l'un porte un cochon semble t-il, mais on ne les voit pas, car l'oeil est happé, fasciné par cette arborescence liquide

      En (2), c'était Femmes contemplant une scène de pêche au filet, (1794)

       J'aimerais tout montrer, en grand format, de mon Hiroshige chéri. Comme ce n'est pas possible je commencerais par (5),  extrait de Lieux célèbres de la capitale de l'Est : Cerisiers en fleurs à Gotenyama (1831), dont je trouve la composition renversante. La ligne montante des cerisiers et, en oblique inversée, la ligne du vol des oiseaux. D'un côté, un groupe de bateaux; de l'autre, trois jonques aux voiles blanches; les traînées de nuages et à l'horizon la lumière sur la mer. L'équilibre, l'harmonie, elle est là. 

         Naturellement, le mont Fuji est présent aussi chez Hiroshige: en (6), Trente-six vues du mont Fuji, Champs de la plaine d'Otsuki (1858)

          En (7) et (8), nous le retrouvons dans la série Lieux célèbres de notre pays, dans la province de Suraga (1837) et dans Cinquante-trois relais du Tokaido, le col de Satta (1833)

         En (9), les voyageurs de Cinquante-trois relais du Tokaido  font Halte pour le thé (1833). En (10):également tiré de Cinquante-trois relais du Tokaido; en (11) et (13), Vues des lieux célèbres des soixante et autres provinces, le port et la crique à Awa et Kajikoyama, dans la province de Inaba (1853)

       J'ai me aussi beaucoup le (12), Soixante-neuf relais du Kisokaido, la rivière Narai (1834). C'est l'automne; les arbres sont couchés dans le vent... les arbustes n'ont plus de feuilles, et malgré tout: l'harmonie est encore là. Il n'y a pas de tristesse. C'est la vie....

       Et au Japon, il y a aussi souvent la pluie.... En (14), Cent vues des lieux célèbres d'Edo, Averse soudaine sur le pont Ohashi à Atako (1856): celle là, vous la connaissez forcément: Van Gogh qui en était fou, en a fait une copie impressionnante. En face, en (15) dans les Cinquante-trois relais du Tokaido Averse à Shono (1833)

         L'automne est là en (16), un automne ensoleillé avec ses érables flamboyants: Cent vues des lieux célèbres d'Edo,l'aube dans les quartiers de Yoshiwara

       En (17), cette estampe tirée de Biographie illustrée abrégée du fondateur (Nichiren) est due à Utagawa Kuniyoshi (1797-1861), l'exact contemporain de Hiroshige donc! Ca ressemble, mais quand on y regarde de près, que c'est plat! Rendons justice à Kuniyoschi qui s'est illustré dans bien d'autres genres, guerriers, animaux fantastiques, caricatures.... un vrai précurseur des modernes mangas, et n'oublions pas ses chats! ses chats sont délicieux!!

       En (18) de Shotei Hokuju, Vue panoramique de la rivière à Edo (1811).

          Toujours notre mont Fuji  dans un décor moins coloré, assez poétique...

      Notons que l' exposition présente aussi des estampes nouvellement acquises de la période moderne, dont celles  d’Hasui Kawase, fidèles à la tradition de l'ukiyo-e.....

 

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