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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

L'AFRIQUE DES ROUTES au MUSEE du QUAI BRANLY. I ROYAUMES

 

    Cette exposition est installée au Mezzanine Ouest jusqu'au 12 novembre, et elle se révèle tout à la fois indispensable..... et indigeste. Tout sur trois mille ans d'Afrique! Et ses relations intra- et extra-continentales. Vlan! On pense à ces gratins que font les mauvaises cuisinières (pas moi) en mêlant dans un plat tout les restes du frigo, en les noyant dans du pseudo-gruyère râpé et en passant le plat au grill....

      Ces routes, ce sont les routes des échanges humains, les routes des échanges commerciaux, les routes des échanges culturels, les routes des explorateurs, les routes de la colonisation, les routes de la religion... 

        Donc formidablement didactique,mais dense et parfois confuse tant elle manipule de concepts éparpillés différents, cette exposition nous met tout de suite en face de notre stupidité occidentale.... N'a t-on pas tendance à penser que les continents se sont ouverts avec l'invention de la voiture? Que jusqu'à voir débarquer René Caillé ou Savorgnan de Brazza, Speke ou Burton, Stanley ou Livingstone, les tribus ignoraient tout du

reste du monde? Comme le dit un des textes introductifs: Non seulement les Africains ont constamment circulé sur leur continent, mais hommes et idées n'ont cessé d'échanger avec le reste du monde. Il n'a guère existé en Afrique d'isolat humain total. L'Afrique a toujours été un continent ouvert.

       Ben oui. Depuis toujours, l'Afrique bougeait, échangeait, comme en témoigne ce Relevé d'art pariétal venu du Tassili des Ajjer (1), un siècle avant notre ère: un char, à quatre roues, tiré par un cheval! Stupéfiant, non! L'artiste berbère avait vu un char en plein Tassili...

      Vers 3500 ans avant notre ère, c'est le cheval qui facilite le commerce caravanier entre le Sud du Sahara et l'Europe,

via l'Afrique du Nord. Le dromadaire n'est introduit qu'au 5eme siècle avant notre ère par les berbères sahariens. Encore une idée reçue qui s'envole: le dromadaire associé au Sahel depuis la nuit des temps.

[la numérotation des illustrations est de haut en bas et de la gauche vers la droite]

       En (2), c'est un splendide tapis de selle de dromadaire (19e siècle,Tassili des Ajjers) 

       En (3), une magnifique selle de cheval, probablement yéménite, avec un pommeau en argent. Peut être pas très confortable..... mais elle en jette.

       En (4), ce cavalier Dogon date du 16e siècle. Le cheval est certainement lié à la puissance...

      Et encore un cheval, en (5), sur ce Poteau du palais royal de Savé, Bénin, style Yoruba, datant du 19e siècle.

        Dans une première partie de l'exposition, celle où, peut être, on s'attarde le plus, on nous montre les lieux de civilisation importants, en fonction des époques -oui, des royaumes africains naissaient, des royaumes disparaissaient. Ils sont matérialisés sur des cartes lumineuses, ainsi que les principales routes de migrations.....

       Ce qui nous interroge immédiatement c'est la façon dont l'Egypte et sa civilisation avancée voyait ses voisins noirs.

     Pendant le Nouvel Empire, les carreaux de faïence décorant les palais représentaient volontiers des prisonniers enchaînés... Cette faïence (1300 ans avant notre ère, 6) représente un esclave Nubien.

      En dessous, cette statuette (époque, hellénistique, 300 ans avant notre ère, 7) représente un esclave noir. Il est vêtu d'une tunique à l'égyptienne. Au vu de sa position, sans doute tirait il une charge. Mais sa silhouette est harmonieuse, ses traits n'ont rien de caricatural. Il paraît qu'à l'époque, ce type de statue "exotique" en terre cuite ou en bronze étaient recherchées.

        Quant aux Romains, ils étaient manifestement fascinés par les pygmées. Cette statuette trouvée en France doit dater du premier siècle. Statuette de Pygmée (8). Manifestement, l'individu était gâté par la nature...

      Passionnante cette fresque trouvée à Pompéi dans la casa del Medico,  (9).Il parait que les napolitains raffolaient des scènes nilotiques. Sur une rivière navigue une barque tandis que des petits hommes noirs semblent domestiquer des crocodiles et des hippopotames (on ne voit pas l'hippo ici, mais je vous assure qu'il est croquignolet!!)

       La  figure (10) représente deux terres cuites (Statuette anthropomorphe, vers le 9e siècle) et Statuette d'hippopotame, entre le 2e siècle avant notre ère et le 2e siècle) venant de la civilisation Sao (actuel Tchad), qui accueillait une population cosmopolite et pratiquait le commerce à longue distance.

         Il y a donc ces cartes -pour les étudiants et les lycéens, elles sont formidablement didactiques. Sur celle du haut, I au IIIe siècle, vous le voyez, notre petit royaume de Sao, entre la civilisation Nor et celle de Meroe. Les pointillés, ce sont les routes de migration.... En dessous, nous sommes au XVIe siècle, ces civilisations ont disparu, pour être remplacées par d'autres....

       Dans la carte du bas, qui correspond au XIXe siècle, on retrouve le royaume du Benin, le royaume Bamoun, l'empire Londa, l'empire Luba.... voilà donc des structures territoriales qui ont survécu à trois siècles, mais d'autres ont disparu, d'autres sont apparues.... 

      

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