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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

Enfers et fantômes d'Asie au Musée du Quai Branly. I ENFERS

         Excellente idée du Musée du Quai Branly, que de faire revivre toutes ces horriblités popularisées par le cinéma et les mangas!

       Le Musée joue pleinement son rôle de musée d'ethnologie, et plus précisément d'ethnologie du monde contemporain. Emmenez y vos enfants (par trop petits quand même) et vos ados un peu gothiques, il vont adorer!
           Peu d'oeuvres anciennes, généralement empruntées au Musée Guimet, mais dans chaque pièce un écran qui nous distille un passage d'un de ces films hongkongais ou japonais, dont les plus connus sont sûrement l'Histoire de Fantômes chinois de  Siu-Tung Ching (1987) et ses multiples suites, ainsi que des réalisations de créateurs contemporains.
           

       La première partie, la plus historique, nous montre comment on s'imagine le monde des enfers en Chine ou au Japon.

           Ensuite, grande revue de monstres!  Le Japon préférencie la femme fantôme. Maigre et blême sous ses longs cheveux dénoués, elle n'a pas de pieds et se déplace en flottant au dessus du sol... La Chine aime bien les vampires sauteurs. Au Japon, on se méfie aussi des fantômes affamés, condamnés à errer sans répit car leur bouche minuscule ne leur permet pas d'ingérer de la nourriture. Enfin, la Thaïlande est le berceau des horreurs les plus terrifiantes que l'on puisse imaginer!
           Enfin, il faut bien s'en sortir. La fin de l'expo nous propose deux remèdes: honorer nos ancêtres, ou avoir recours aux exorcismes....

       Dès le Xeme siècle, le bouddhisme chinois décrit en détail les enfers; il y en a dix, organisés comme des cours pénales reproduisant celles de l'administration impériale; chacun est présidé par un juge, assisté de clercs et de démons tortionnaires. Le concept va se répandre au Japon et dans l'Asie du Sud Est. 

           Les clercs inscrivent les actions du prévenu dans de grands registres. Les voleurs seront brûles, les dépravés frits dans des chaudrons et les médisants auront la langue tranchée. D'autres seront condamnés à grimper inlassablement sur des arbres à épines, sous le regard et le fouet de démons chargés de l'exécution de la sentence.. En haut à droite, le Musée a demandé à une société thaïlandaise de recréer une scène de ce supplice (2017). 
           

      En haut à gauche, nous avons Wuguan wang, roi du quatrième enfer (Chine, XVIIeme siècle). Il faut évidemment regarder de près et en détail cette précieuse peinture sur papier pour apprécier les supplices organisés par des démons bleus et cornus.
           L'art populaire et le spectacle se sont emparés de toutes ces histoires autour des enfers. A droite, des Marionnettes chinoises (1990); on remarque que les gardiens des enfers ont traditionnellement des têtes de buffle.
           A gauche, ce sont des Figurines de théâtre d'ombres (XIXeme siècle) narrant l'histoire de Mulian -c'est une légende célèbre-, descendu aux enfers pour sauver sa mère.
           Le bouddhisme s'est répandu dans toute l'Asie du Sud Est. On y décrit les trois mondes, le monde céleste, terrestre, et les enfers. L'artiste Preecha Rachawong a réalisé en 2017 à la demande du musée cette peinture sur  rouleau, à gauche, Les Trois Mondes. Les immortels flottent dans l'air, sur terre les pieuses personnes se réunissent autour des moines pour prier le Bouddha tandis que les méchants sont précipités aux enfers. A droite, une partie agrandie de cette peinture nous permet d'analyser les actes mauvais qui nous vaudront la damnation: par exemple, tirer sur des éléphants.... et de voir, au sein des enfers quelques exemples de fantômes affamés, apparus au XIIeme siècle au Japon.
           

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