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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

LE LAC AUX OIES SAUVAGES de DIAO YINAN

          Polar brillant, sanglant et sophistiqué d'un surdoué du cinéma chinois, jouant avec les ruptures de rythme, passant d'une tuerie sanglante à de longues déambulations silencieuses dans les rues d'une ville, exploitant magnifiquement l'étrange (surtout pour un oeil occidental!) décor de cette grande ville crasseuse comme seule une ville chinoise peut l'être pour prendre, au bord de son lac, de faux airs de cité balnéaire.... Wuhan, sur le YangTsé, a des aspects touristiques que le réalisateur a voulu gommer à tout prix pour ne nous montrer que la Chine de la corruption et des marginaux.
          On est dans le monde des voleurs de motos. Un mafieux "centralisateur" répartit les quartiers à prospecter entre les différentes bandes (scène inspirée d'une histoire vraie). Mais un désaccord entre celle de Hua Hua (Qi Dao) et celle d"Oreille de chat" tourne au règlement de compte sanglant..... et en s'enfuyant Zhou Zenong (Hu Ge) tue un flic. Il est désormais un fugitif, avec une bonne prime attachée à sa personne.... mais, je vous le dis tout de suite, n'essayez pas de suivre. Entre les hommes du capitaine Liu (Liao Fan), ceux de la bande à Hua Hua et ceux de la bande adverse, tous chinois (évidemment....) jeunes et en tee-shirts, on ne s'y retrouve pas et à vrai dire on s'en fiche. Ce qui compte, c'est l'ambiance, mystérieuse et crapoteuse....
          Hua hua est aussi proxénète. Sur les bords du lac, il y a des plages, où les familles piquent niquent, on se baigne, on canote -éventuellement on recrache du sperme, excusez moi, dans une séquence qui pour être tout à fait décente n'en est pas moins assez culottée..... Dao Yinan ose tout! Et, il y a donc des "baigneuses", (plus ou moins) jolies filles qui, élégamment mais très convenablement vêtues arpentent les berges. Si elles intéressent un monsieur, ils s'en iront discrètement chacun de son côté. Liu Aiai, une de ces baigneuses,  (Gwei Lun Mei) est chargée de retrouver le fugitif pour le mettre en sûreté, mais Zhou Zenong ne pense qu'à sa femme Shujun (Wan Qian) et à son fils, qu'il a tellement négligés, et il voudrait que ce soit elle qui le dénonce, pour toucher la prime.
          Le film commence par cette rencontre avec Aiai -il espère Shujun-, dans une gare de banlieue, la nuit, sous une pluie de misère. Il se continue à coups de flashbacks qui nous font remonter dans l'action, puis se poursuivra dans les rues de la ville, dans ce monde du jianghu, mélange hétéroclite de petits marchés, de garages à motos, de restaurants improvisés et crasseux, d'appartements sordides ouverts sur des cours improbables.... En opposition à cette triste urbanité, il y a quelques vues du Luna Park lacustre, avec son parc zoologique et une végétation tropicale luxuriante, autre monde, si loin, si proche....
          Peu de dialogue et aucune psychologie. Les protagonistes nous restent totalement opaques. Surtout Aiai, que cherche t-elle, cette gagneuse? Les dernières images du film, lumineuses, nous la montreront sous un autre jour...
          A voir évidemment!

 
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