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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

JAMES TISSOT, l'AMBIGU MODERNE au MUSEE d'ORSAY I LE REALISME MONDAIN

       

       Peut être avez vous vu la belle émission sur ARTE, diffusée pendant le confinement, et qui nous permettait de faire la connaissance de ce peintre français, précocement snob (à onze ans il change son prénom de Jacques pour James!), formé par Flandrin à l'école d'Ingres, aimant les salons, le succès, les belles demeures puis, après la mort de la femme de sa vie, tombant dans l'occultisme et la bigoterie....

       Peu attrayant donc mais avec des épisodes surprenants: en 1870 il fait partie de la garde nationale et on le retrouve en ambulancier proche des communards.... Drôle de zèbre!!!  

        Le problème c'est qu'il est peintre... et que sa peinture est moche.... a priori. Toiles surchargées d'un fouillis de détails, couleurs mal accordées mais pas de ce désaccord qui claque.... d'un désaccord qui contribue à l'impression de fatras de la composition. 

       Pourtant, lorsqu'on se ne contente pas des images, mais qu'on circule parmi l'exposition, on finit par trouver un certain charme à  l'oeuvre de James Tissot, tellement éloignée des recherches de son temps. Degas, son ami, le représente, en haut à gauche à la trentaine avec un petit côté dandy, on est bien loin du peintre maudit.... Lui même, à droite, s'autoportraite très intello, un peu penseur....

 

      Notre Nantais (né en 1836), donc, ne porte aucun intérêt à l'impressionnisme et aux travaux de ses amis. Il aime les primitifs italiens, Cranach et Holbein, mais aussi les préraphaélites. Dans l'ensemble on se moque un peu de lui et on l'accuse de ne savoir faire que de la copie d'ancien, comme, à gauche, ce Retour de l'enfant prodigue (1862)

 

       Mais voilà: quand il abandonne les sujets historiques et se lance dans le portrait mondain, il plait! Son style léché, la représentation flatteuse des jolies dames, la mise en valeur des toilettes, les détails qui témoignent de la vie cossue de ses clients, tout cela plait.
       A droite, Les deux soeurs (1863), on ne voit tout d'abord que de la dentelle... puis on s'attarde aux visages intéressants de ces deux jeunes filles
       A gauche, Le Marquis et la Marquise de Miramon et leurs enfants (1865). Comme c'est chic tout ça. Le Marquis, élégant, très dandy, même le chien, même le petit dernier fixent l'artiste avec une certaine arrogance....  

   A droite, Les quatre enfants d'Emile Gaillard (1868) -c'est un riche banquier- beaucoup e vérité dans ces deux petits qui jouent, alors que les deux plus grands, déjà, prennent la pose; les jouets sont dispersés sur les tapis, et là encore, tout reflète l'opulence.

       Parmi ces portraits mondains, celui qui retient mon attention c'est le Portrait de Melle L. L. (1864), à gauche, parce que dans un décor moins chargé que d'habitude, il joue d'une belle opposition entre le noir et le rouge.
       A droite, le Portrait d'Algernon Moses Mardsen date de 1877, c'est à dire d'après l'épisode communard et le départ de Tissot pour Londres, mais on retrouve bien le même esprit que celui des portraits français. Le sujet s'appuie élégamment sur une peau de tigre....

     Avant son exil, Tissot avait donc fait fortune et acheté un hôtel particulier aux Champs Elysées. Il se passionne pour le japonisme et acquiert une grande quantité d'objets qu'il expose comme dans un musée, ce qui donne lieu à des petits tableaux charmants, à gauche: Femmes regardant le temple chinois (1869), et Jeunes femmes regardant des objets japonais (1869)
       Même élégance, à droite dans Safe to win ou The crack shot (1869/73); c'est pourquoi, même sans vraiment y adhérer, on trouve un certain charme à ce travail déjà démodé de son temps.
       Enfin La Paresseuse, ou The Convalescent, (1870): dans la serre de l'hôtel particulier de Tissot, cette jeune femme alanguie est ravissante...

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