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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

SUR LA ROUTE du KISOKAIDO 1. EISEN et HIROSHIGE au MUSEE CERNUSCHI

                        

           Nous la connaissons par cœur, cette route du Tôkaido et ses 53 relais immortalisés, entre autre, par Hokusai et Hiroshige. Mais qui connait la route du Kisokaido (et ses 69 étapes ?). Elle aussi reliait le siège du shogunat et la résidence impériale, Edo et Kyoto. Elle ne suivait pas la côte, mais passait plus à l’intérieur des terres, traversant donc cols et montagnes.

           Comme sur la route côtière, s’y croisent seigneurs en palanquins, cavaliers et petit peuple pédestre, paysans avec leurs espèces de bizarres couches -culottes, dames trottinant sur leurs socques tout en se battant contre le vent ou la pluie, deux éléments omniprésents…

           Cette route a inspiré quatre fameux estampistes : Utagawa Hiroshige (1797-1858) et Keisai Eisen (1790-1848), moins connu, et pourtant ! au final les deux se ressemblent beaucoup, puis deux décennies plus tard Kunisada (1786-1865) et Kuniyoshi (1797-1861).

           Ces deux là se fichent comme d’une guigne des paysages : ils associent les étapes, pour l’un  aux acteurs de kabuki, pour l’autre aux légendes du folklore japonais. Malheureusement, les aléas de notre époque troublée ont empêché les estampes de Kunisada (conservée au Museum of Fine Arts de Boston) de sortir. Il faudra donc s’en passer… Il parait qu’il était si bon que les amateurs de kabuki reconnaissaient immédiatement leur acteur favori.

          

           Hiroshige et son éditeur Takenouchi Magohachi ont donc lancé cette seconde série, après le Tôkaido, mais c’est Eisen qui fera les premières estampes; comment le comparer à Hiroshige? peut être Eisen est il un peu plus raide? En tous cas ils partagent ce don de croquer, en caricaturistes, ces petits hommes affairés, ou goguenards, vautrés à la table d'une auberge, courbés sous le faix.... tous doués de vie, tous participant d'un petit instant de la comédie humaine.       

           Sur les premières images, Eisen est à gauche, Hiroshige à droite sur des sujets proches

           Voila donc les six Eisen, de haut en bas:

K.E. Les relais de la route du Kisoji 20. Le relais de Kutsukake, pluie sur la plaine de Hiratsuka

K.E. 4. Le relais d'Urawa, vue lointaine du mont Asama

K.E. 8. Le Relais de Kônosu: vue du Mont Fuji depuis Fukiage. On reconnait au premier plan un moine itinérant à son chapeau de paille en forme de panier

K.E. Les Relais de la route du Kisoji 41 Nojiri, vue du pont de la rivière Inagawa

K.E. 53 Le Relais d'Unuma, vue lointaine d'Inuyama

K.E. 55 Gôdo: pêche au cormoran sur la rivière Nagaragawa C'est une représentation de cette pèche traditionnelle. Le pêcheur tient lesficelles pendant que son assistant fume. Ils ont l'air de vieux pépères paisibles, heureux... Un cormoran a déja attrapé un poisson. Mais, il ne pourra pas en profiter...

K.E. 15 Itahana Les pèlerins sont emmitouflés sous le neige

           En face donc, voila six estampes de Hiroshige, sur des thèmes plus ou moins voisins

U.H. 46 Nagatsugawa Sous la pluie, là ce sont des samouraï qui voyagent, portant des caisses sur le dos

U.H. 22 Odai Dans un sens, trois pèlerins; dans l'autre, un moine

U.H. 32 Seba. Quelle beauté que cette rivière paisible; le paysage est baigne de la lumière lunaire; les saules et les roseaux sont penchés sous le vent. Une barque transporte du bois

U.H. 43 Tsumago Encore une composition d'une grande harmonie, estivale celle là sans doute, mais regardez comme les malheureux ploient sous le poids de leurs caisses....+

U.H 17 Matsuida

U.H 48 Okuta

U.H 27 Ashida Hiroshige adore ces représentations de montagnes enneigées, plus effrayantes que réalistes. Le relais de Wada est perdu dans les montagnes, c'est le col le plus élevé du parcours, enneigé jusqu'à la fin du printemps. Voyez, sur la gauche, les minuscules voyageuurs passant le col..

           On termine par deux Hiroshige, en bas. Adroite, 27. Ashisda, avec un petit côté naïf.... et à gauche, 19 Karuizawa. J'adore cette composition avec ces fumées qui s'élèvent droites, haut sans le ciel...

           Sans doute Hiroshige a t-il plus de hardiesse, plus d'originalité dans la composition, plus de hardiesse dans les couleurs aussi... Bon, Hiroshige est un génie absolu. Mais Eisen n'est pas mal non plus....

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