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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

MINARI de LEE ISAAC CHUNG

          Un très joli film discret, qui brasse rêve américain, dureté de la vie rurale, résilience, amour de la famille.... avec subtilité, tendresse, poésie.
          Jacob (Steven Yeun) et Monica (Ye-Ri Han) sont américains d'origine coréenne et bons chrétiens. Tout ce que le rêve américain leur a donné, ce sont des boulots de "sexeurs". Vous ne savez pas ce que c'est? Ce sont ces gens qui d'un pouce exercé, décident si un poussin est mâle ou femelle. Les mâles sont, chose abominable, broyés et brûlés. Une fumée noire sort de la cheminée de l'entreprise..... 
          Jacob rêve d'autre chose: devenir exploitant agricole -et prospère, naturellement. Il achète dans l'Arkansas un grand terrain et une maison. La maison est une sorte de mobil home, qui ressemble plutôt à un long wagon en planches qui risque de s'envoler à la première tornade, mais dont Monica arrive à faire, la première déception passée, un intérieur cosy. Ils ont deux enfants, Anne, une fillette d'une douzaine d'années, très raisonnable (Noel Kate Cho) et un petit bonhomme d'environ cinq ans, David (Alan Kim), qui malheureusement n'a pas le droit de courir car il a un souffle au coeur qu'il faudra opérer quand il sera un peu plus grand. De l'argent, ils n'en ont pas, celui que Jacob a gagné a servi, en bon fils asiatique, à aider sa famille. Et pendant qu'il poursuit son rêve, Monica stresse, supportant de plus en plus mal cette situation. La dessus arrive de Corée, pour garder les enfants la grand mère, (Yuh-Jung Youn), une incroyable vieille dame indigne qui jure, joue aux cartes, ne sait pas faire la cuisine et se mêle de tout, qui jargonne une sorte de sabir coréo-américain, et que David ne veut pas voir (mais à la fin ils seront complices).... 
          Jacob, défriche, plante, le gros problème c'est l'eau: l'eau de la ville est trop chère; le puits se tarit.... L'acheteur espéré se défausse au dernier moment.... Il est aidé par Paul (Will Patton), encore une figure incroyable, un vieux cinglé mystique qui fait des exorcismes et le dimanche trace la route en portent sur son dos une lourde croix de bois, semblable à celle du Christ...
          Dans le monde de Lee Isaac Chung, tout le monde est gentil. La famille est accueillie à bras ouverts par les paroissiens. C'est la vie qui est dure, ce sont les éléments, Ce sont le soleil qui tape trop fort, la nappe phréatique qui s'assèche, le vent qui ravage. Rien ne se passe comme prévu....Mais en bon asiatiques ils sont courageux, persévérants, et solides parce qu'ils s'aiment. Le symbole de leur force, n'est ce pas le minari, dont la grand mère a ramené quelque plants, ce cresson qui une fois replanté s'étend et se développe, qui est tout à la fois médicament, épice, légume, et qui a la propriété de dépolluer l'eau du ruisseau dans lequel il pousse. 
          Ce beau film vous redonne le moral; c'est tellement bien de voir de temps en temps au cinéma des gens... biens, justement. Le réalisateur a mis en scène son enfance, car c'est l'histoire de sa famille, remobilisé ses souvenirs.... et c'est celà, sas doute, qui fait que le ton est si juste. C'est à voir absolument, et on en sort émus et heureux. Et on pense naturellement à Terence Mallick dans cette façon de magnifier, de sanctifier  la nature -et de la photographier.

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