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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

LA PANTHERE DES NEIGES de MARIE AMIGUET et VINCENT MUNIER

          Une heure et demie de beauté pure. Bien sûr, il y a la splendeur de l'Himalaya; mais pour ceux qui n'apprécient pas la montagne, il faut souligner l'extraordinaire travail sur l'image: certains découpages la transforment en tableau abstrait.... des passages de brumes onirisent le paysage.... On démarre sur des dunes blondes dignes de quelque planète Tatouine, puis on monte, on pénètre dans un monde quasiment inviolé de pentes à l'herbe sèche, de défilés rocheux, puis de sommets enneigés...
          Rien ne prédisposait Vincent Munier et Sylvain Tesson à travailler ensemble. Le photographe est un méditatif heureux. Il peut passer quarante huit heures, immobile, à l'affut, sans voir le moindre animal intéressant (mais en fait, tout l'intéresse...); le reporter écrivain est un hyperactif; il a passé sa vie à courir d'aéroport en salle de conférence où il expliquait aux bonnes gens qu'ils doivent savoir s'arrêter. Pendant toutes ces années itinérantes, il n'a rien vu. Au cours de ses pérégrinations, des centaines d'yeux l'ont regardé.... et il ne les a pas vus!
          Enfin, il est là pour admirer une panthère; il veut la panthère.  Devant ses yeux, déboulent des troupes de caprins et d'asiniens; toutes sortes de petits rongeurs et d'oiseaux magnifiquement colorés; des loups en horde ou un renard arctique solitaire; un jour, une famille d'ours joueurs; un autre jour, un chat de Manul en chasse, adorable peluche dodue, dont le regard jaune acéré et implacable dément la bonhomie apparente. Des yacks aussi: ce n'est pas le bovin le plus dangereux du monde, rien à voir avec le buffle d'Afrique, mais la façon dont est photographié cet animal préhistorique compact, chevelu, à l'énorme tête et aux cornes redoutables le rend terrifiant...
          Madame Panthère daignera apparaitre devant le piège photographique quasiment à la veille du départ; et ils la verront, enfin, si facile à confondre avec la pierraille dans sa somptueuse fourrure tachetée. Baillant, s'étirant comme un gros chat....Tous ces animaux des climats hostiles sont gras, ronds et fourrés, -rien à voir avec les maigres félins des tropiques- ce qui les rend particulièrement beaux. Des seigneurs!

Affiche Marie Amiguet

         Pas d'humains, à part à la ferme tibétaine qui leur sert de camp de base entre deux expéditions et ses deux adorables marmots aux joues rouges, rigolards et amicaux, on a envie de les adopter surtout en comparaison avec nos petits européens trop gâtés qui se doivent d'afficher en toute circonstance un air maussade...
          Bien sûr, il faut saluer avant tout le travail de la camerawoman Marie Amiguet. Sans elle, pas de film. On imagine, très habilement, deux hommes seuls dans la nature, oubliant totalement l'équipe technique qui a permis cette prouesse!
          Sylvain Tesson a écrit un livre admirable; le film est tout aussi admirable. A voir absolument, lorsqu'il repasse encore, par tous ceux qui aiment la montagne, les animaux sauvages -la vie tout simplement!!

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