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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

VARSOVIE 83 réalisé par JAN P. MATUSZYNSKI

         Encore un film passionnant, qui nous plonge dans l'histoire -mais une histoire plus récente, et donc, d'une certaine façon, qui nous touche plus que l'Affaire Collini. Ce sont les dernières années du féroce régime communiste en Pologne, quand on traquait sauvagement les militants de Solidarnosc, alors interdit, mais toujours debout, quand les "milices citoyennes", supplétifs du pouvoir, étaient partout, susceptibles de frapper à chaque porte. Bien sûr, le film n'est pas sans défauts. Très long (plus de deux heures et demi!), avec d'innombrables personnages entre lesquels on se perd un peu, peut être aurait il été encore plus démonstratif s'il avait été un peu plus resserré. Parmi les personnages secondaires, on voit passer le père  Jerzy Popieluszko, l'aumonier du syndicat, qui devait lui même être torturé et assassiné un an plus tard.  Si vous lisez les actes de ce procès, vous trouverez pas mal de points communs avec celui qui fait l'objet du film.

Sandra Korzeniak

         Le film est donc tiré d'une histoire vraie, qui a fait l'objet d'un livre. Grzegorz, un lycéen fête son bac. Il a un peu bu, il chahute dans la rue avec son pote Jurek (Tomasz Zietek), refuse de montrer ses papiers d'identité aux milices qui, aussitôt, lui tombent dessus...et est conduit au poste avec Jurek, tabassé à mort -l'intestin en bouillie à force de coups de pied.

Jacek Braciak

         Sa mère, la poétesse Barbara Sadowska (Sandra Korzeniak), est une proche de Solidarnosc. Elle a déjà été arrêtée et, selon la coutume, on l'a menacée de s'en prendre à son fils. L'arrestation de Grzegorz, est ce un hasard ou un coup monté? Là dessus, le film ne se prononce pas. 
         En tous cas, les autorités ont peur d'un procès qui mettrait en cause la mort d'un adolescent sous les coups dans un commissariat de police, et un incroyable dispositif mettant en oeuvre plusieurs ministères au plus haut niveau se met en marche.

Agnieszka Grochowska

         Chantage, intimidation, tout est bon dans ce processus terrifiant. La vie privée de Barbara, celle de Jurek qui a fait quelques bêtises dans sa jeunesse sont évidemment étalées, mais on s'acharne aussi sur les parents de Jurek ( Jacek Braciak et Agnieszka Grochowska) qui ont de petites entreprises -une ferme, un salon de coiffure- dans lesquelles des irrégularités réelles ou inventées pourraient entrainer la fermeture.... Intimidation, puis subversion.... Des dizaines de moutons sont enroulés, des dizaines de suiveurs, de faux amis.... Tiens, et si c'étaient les ambulanciers (qui, c'est bien connu, ont l'habitude de massacrer leurs passagers)?  Tout est bon. C'est asphyxiant. On voit comment la peur et surtout cette menace qui pèse sur la famille, les enfants peut conduire n'importe qui à avouer n'importe quoi.
         Film indispensable pour se souvenir que le totalitarisme est toujours prêt à frapper. Merci les Polacks!!!

         Il faut insister, pour conclure, sur un point: l'ambiance des années 80 (vêtements, voitures, décors -le lugubre univers soviétique) est parfaitement rendue.

 
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