OSKAR KOKOSCHKA AU MAM 1 VIENNE. PORTRAITS

     Une passionnante découverte.

Coincé entre Gustav Klimt qui se contenta trop souvent d'être purement décoratif et Egon Schiele le monomaniaque dont les nus effrayants finissent tous par se ressembler, Oskar Kokoschka passe souvent au second plan, alors qu'il est formidable!! Je n'imaginais pas qu'il avait vécu jusqu'en 1980 (presque centenaire!) et travaillé jusqu'en 1970.

       Peintre, mais aussi écrivain, dramaturge et homme engagé, il aura donc traversé toutes les tourmentes, et tous les tourments du siècle...

       En haut à gauche, Paysage hongrois (1908)

       Il nait en 1886 dans une famille d'orfèvre qui déménage bientôt à Vienne, où il passera sa jeunesse et étudiera à l'Ecole d'Arts appliqués sous l'enseignement, entre autres, de Klimt, avec qui il exposera. En même temps, il écrit et met en scène une pièce de théâtre (Meurtrier, espoir des femmes) jugée choquante... d'où va partir cette réputation de provocateur qui le suivra une partie de sa vie.

        Indépendant, il ne se rattachera à aucune école; contemporain de Braque ou Derain, il ne s'intéresse pas au fauvisme, plus préoccupé sans doute par le sens, l'expression, que par l'esthétique. Alors oui, il se qualifie volontiers d'expressionniste.

       Sa réputation ne l'empêche pas d'être très demandé en tant que portraitiste. Il est aidé en cela par l'architecte Adolf Loos, adversaire de l'art purement décoratif, avec qui il se lie. Et il faut dire que ses portraits décoiffent. Ils n'ont rien de classique....  Et en même temps, ils en disent beaucoup sur la personnalité du modèle, tout autant qu'une toile de Rembrandt. Les yeux, le regard sont toujours infiniment parlants.... Malgré tout, ça ne plait pas forcément;  ce n'est pas forcément ce que le commanditaire attend...

       En haut à droite, Le joueur de transe (1908) représente l'acteur Ernst Reinhold, ami de Kokoschka et interprète de sa pièce à scandale...       

       A gauche, Père Hirsch (1909). C'est un riche homme d'affaires dont les fils, un acteur et un peintre, sont amis avec Kokoschka.  C'est un vieil homme têtu et colérique, avec un dentier surdimensionné, tout ce qui saute aux yeux sur le tableau.

       A droite, August.... (1910) je l'ai perdu... 

       A gauche, Herwarth Walden (1910), l'éditeur de Der Sturm, revue à laquelle Kokoschka collabore, et qui aura un destin bien tragique. Communiste, pour fuir le nazisme, il se réfugie à Moscou, où il sera plus tard envoyé dans un camp où il mourra... 

      Kokoschka est chargé de réaliser le portrait des trois frères Schmidt, avec qui Adolf Loos avait travaillé. A droite, le portrait inachevé de Carl Leo Schmidt (1911) permet de se faire une  idée de la façon de travailler du peintre.

        A gauche, le portrait de Max Schmidt (1914) donne à voir un homme  pensif, qui semble loin de la réalité. 

      A droite, ce barbu au visage émacié d'intellectuel, c'est l'artiste et collectionneur Carl Moll (1913). Cet homme joue bien malgré lui un grand rôle dans la vie intime d'Oskar... puisqu'il est marié à Anne Sophie, la mère d'Alma.... et que c'est chez lui que la rencontre aura lieu. 

    A côté de tous ces messieurs importants, le portrait de ce jeune couple, à gauche, irradie dans une ambiance lumineuse et très colorée. Hans et Erica Tietze (1909) sont un couple d'historiens de l'art qui souhaitaient un portrait de mariage mode renaissance.

       A droite, c'est un anonyme: Le Prisonnier (1914) Le regard vide de cet homme vers l'extérieur, l'ailleurs, la nature.... c'est du grand art.

       Je termine par cette toile que j'adore absolument: le Saint-Suaire de Veronique (1909). Le peintre n'a pas beaucoup donné dans la bondieuserie... Une exception donc....  Sur un fond là encore très richement coloré, le visage concentré, lointain de la jeune femme contraste avec l'expression de désarroi primaire du Christ, qui semble attendre de l'aide....