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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

UNE SALOME HYSTERIQUE AU MET (et tant mieux...)

            Quel bonheur que cette représentation de Salomé filmée au MET, une Salomé hystérique, voire gore à la fin -mais c'est dans le texte! qui nous fait comprendre la genèse de ce monstre qui se cache dans la jolie petite princesse. 

            Décors très noirs, sur deux niveaux, la salle du roi, sombre, parcourue par d'inquiétants personnages à tête de bélier et en dessous, paradoxalement plus claire, la cave où croupit Jochanaan enchaîné. Ca fait un choc de voir notre distingué Peter Mattei tout cracra, à demi nu à part une sorte de pagne drapé autour des hanches, tout cracra aussi, mais quelle maitrise du chant, quelle intensité. Il est magnifique.

              Michelle DeYoung tout en velours cramoisi -la seule touche de couleur de toute la représentation est une Hérodiade d'une vulgarité assumée. Gerhard Siegel passe de l'arrogance du tétrarque à la veulerie du minable confronté à des personnalités et des évènements qui le dépassent. Donc, c'est scéniquement très convainquant

            Claus Guth place l'action, approximativement au début du XXeme siécle. Salomé porte la jolie petite robe de velours noir à col de dentelle blanche des gentilles petites filles. Salomé? Les Salomé. Car autour d'elle, il y a six petites filles (six, retenez bien car six plus un...sept), la princesse à différentes étapes entre, disons cinq et quinze ans. Qui, assises très sages, torturent leurs poupées en lui arrachant les bras, les cheveux... et la danse des sept voiles va prendre tout son sens. On sait combien cette scène est difficile à mettre en scène. La soprano se lance -ouille ouille ouille. Des danseuses dansent, ce qui conduit le plus souvent au pire kitsch oriental. Ou bien on l'occulte, tout simplement

            Pour Guth, les voiles, ce sont les voiles que l'on va enlever et sous lesquels apparaissent les petites filles, de plus en plus apeurées, de plus en plus pleines de haine contre les hommes à tête de bélier qui sont leurs geôliers à mesure qu'elles avancent en âge, et on comprend ce qu'a été l'enfance de Salomé, une enfance malsaine aux côtés de ce couple pourri, et qui a fait d'elle cette jeune fille désaxée qui au fond, ne rêve que d'une chose: pour une fois être aimée "si tu m'avais regardée, tu m'aurais aimée", alors qu'elle ne sait même pas ce qu'est l'amour, dont elle n'a vu autour d'elle que des caricatures.

         Alors, cette idée est sensationnelle. Quand pour tant de metteurs en scène, avoir des idées c'est se livrer à des détournements grotesques de l'oeuvre, Guth a su faire du neuf absolument signifiant. Ca, c'est de la mise en scène!!

            Elza Van der Heever est magnifique, bien qu'elle n'ait ni l'âge, ni la sveltesse de son héroïne, son jeu scénique est convaincant et la voix, très belle. Vivement qu'on la revoie en Sieglinde à Paris!! 

         

       Convainquant Narraboth de Piotr Buszewski et excellent Yannick Nézet-Séguin comme d'habitude

 

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