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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

Le jeune Karl Marx

       Voila un film parfaitement didactique, sans être ennuyeux. Bravo! Film franco-allemand.... tourné par un Haïtien, Raoul Peck

      Une seule objection: le film eût du s'appeler "les jeunes Marx et Engels" parce que, finalement, le second est bien moins populaire que le premier. Ainsi, tout le monde connait Jenny, l'épouse de Marx -Jenny von Westphalen- (Vicky Kriebs), aristocrate et même soeur de ministre, la compagne des bons et des mauvais jours, écrivain elle même et qui partageait ses engagements. Mais qui connait Mary Burns (Hannah Steele), l'ouvrière irlandaise et passionaria, qu'Engels épousa? En tous cas, j'aime bien cet aspect "féministe" du film: car, s'ils n'avaient pas, l'un et l'autre, rencontré la femme qui partageait leur engagement et accepté les sacrifices qu'il imposait, seraient ils allés aussi loin? 

       Le film commence avant 1844, année où les deux jeunes hommes se sont rencontrés. Karl est issu de la bourgeoisie juive non pratiquante; il participe en tant que journaliste à des feuilles de chou "de gauche", où son caractère emporté ne lui fait pas que des amis. Passionné, querelleur, toujours prêt à porter la contradiction, il est plutôt ingérable. Friedrich, bien plus policé, est un fils d'industriel fortuné. Son père possède des filatures en Angleterre, où il est son fondé de pouvoir, ce qui lui permet d'écrire un manifeste sur la situation de la classe ouvrière en Grande Bretagne, tout en étant patron.... c'est ce qui s'appelle avoir le cul entre deux chaises! Mais il connait sans doute mieux encore que Marx la terrible vie de ces ouvriers des manufactures, exploités, sous payés, victimes d'accidents de travail... Les deux jeunes gens sont tous les deux critiques du grand philosophe de l'Allemagne d'alors, Hegel, ou du moins de ce qu'il est devenu. Ils vont faire la connaissance de Pierre-Joseph Proudhon, le théoricien de l'anarchisme.... et ouvrier, lui, un vrai! auquel Olivier Gourmet donne une extraordinaire présence -il trouve même le moyen de lui ressembler!

       Le film nous narre donc de façon très vivante, dans des décors soignés (c'est très académique? oui, absolument, mais je pense que le dessein de Peck, auteur rappelons le de I am not your negro n'était pas de faire un film d'esthète!), cinq années d'amitié et de politique, jusqu'au moment où ils prendront le contrôle de la Ligue des justes de Wilhelm Weitling (Alexander Scheer), organisation de travailleurs soutenant la lutte des classes, mais en pratique peu efficace, pour la transformer en Ligue des Communistes.... et où naîtra le manifeste du Parti communiste.

       Bref on apprend agréablement beaucoup de choses; les deux acteurs (August Diehl pouyr Marx et Stefan Konarske pour Engels sont excellents dans la caractérisation de ces deux personnalités si différentes et, au fond, complémentaires. C'est à voir absolument, et emmenez y vos ados, car si le communisme est devenu ce qu'il est devenu grâce à l'aimable Lénine et au non moins délicieux Staline, l'humanité doit beaucoup aux premiers qui se sont battus pour amener plus de justice dans le monde.


 
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