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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

Connaissez vous RYÛNOSUKE AKUTAGAWA? Mais RASHÔMON, certainement. Et LA VIE D'UN IDIOT?

        Personne ne connait Ryûnosuke Akutagawa (1892 /1927), naturellement. Mais tout le monde a vu Rashômon, immense film de l'immense Kurosawa. Sans savoir que Kurosawa avait trouvé son inspiration dans une des nouvelles de l'écrivain, qui n'est d'ailleurs pas celle qui porte ce nom....  (à laquelle il n'a emprunté que le lieu, le pont Rashô), mais bien "Dans le fourré"

           Pourtant, cet homme qui n'a écrit que des nouvelles devrait être lu partout et par tous, car sa littérature est déchirante.

           La mère d'Akutagawa est morte jeune -et folle. Et lui, bien qu'il se soit marié et ait eu trois enfants, n'est sûr que d'une chose: il finira fou, aussi. Il se suicidera à 35 ans, laissant pour tout testament une phrase: vague inquiétude.. et toute son oeuvre ne parle que de cela: les obsessions d'un homme qui se sent devenir fou.

            Aux éditions Folio, deux petits volumes (à 2€...) dans le premier, Rashômon, où l'on retrouve également Dans le fourré; et dans le second, deux nouvelles, Engrenages et La vie d'un idiot, publiées à titre posthume, et qui sont ravageuses tant elles nous font entrer dans les méandres d'un esprit malade. Bien sur,  nous avons lu plus d'un texte de "fou", à commencer par ceux d'Antonin Artaud. Mais il ne s'agissait pas directement des relations d'un homme et de sa folie. Au contraire, dans Engrenage,  on est dans la tête d'un homme qui se noie -et n'arrive pas à échapper à ce vortex qui l'entraîne vers le fond. 

          Le narrateur est un écrivain connu; il a des admirateurs, des collègues avec qui il entretient des relations normales. Mais, lorsqu'il est seul, il vit dans un monde où tout fait signe. Tout commence par une rencontre de passage, qui lui parle d'une maison hantée -où le fantôme serait en manteau de pluie. Et, comme par hasard, notre narrateur ne fait que croiser des hommes en manteau de pluie, alors que, il fait froid, normalement, les gens devraient porter des manteaux chauds! Et il y a aussi le noir et blanc et ces bars qui ne proposent que du whisky Black and White! 

         Il se réfugie dans des cafés d'où parfois il s'enfuit -il a vu un "mauvais signe"; dans des bibliothèques: il lit tous les grands auteurs français, russes..... Et quelquefois, une phrase inattendue, aussi, est un présage... Il y a ces rouages qui se mettent à tourner devant ses paupières et qui sont, en général, suivis d'une violente migraine, ce qui prouve que le narrateur avait, sans aucun doute, un réel problème, peut être héréditaire, et pas seulement une peur névrotique.

        Il y a le mari de sa sœur, encore, qui s'est suicidé. Certes, probablement coupable de malversations. Mais, là encore, c'est un mauvais signe. Surtout, le narrateur à peur de finir enfermé dans un asile psychiatrique, comme sa mère...... Est ce pour cela qu'il préfère choisir le suicide? 

        Il écrit qu'il ne regrette rien; qu'il plaint simplement celles qui ont eu un mauvais fils, un mauvais mari, un mauvais père....

            La vie d'un idiot est une succession de brefs moments, presque des haïkus, qui finissent par résumer une vie.....

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