EGON SCHIELE à la FONDATION LOUIS VUITTON

         D'accord, c'est le plus beau bâtiment de Paris, mais le monde, le monde! A quoi ça sert d'avoir un billet pour un horaire précis? De toutes façons, on fait la queue. Dehors, dans le brouillard, le froid, le crachin. Et dans les salles, on se marche sur les pieds. Pour M. Vuitton, c'est fric fric fric hourrah!

         Et en plus -je n'avais pas pensé à ça- durant les vacances scolaires, y a la marmaille. Non mais, vous y croyez, emmener des marmots voir Egon Schiele "qu'est ce ki fait avec la dame, le monsieur, Maman?"

        En tous cas, l'avoir marié à Basquiat est une idée de génie. Ils se ressemblent tellement, au delà de leur disparition bien trop précoce -vingt-huit ans! Même insolence, même goût de leur provocation, même silhouette dégingandée et visage émacié sous une hirsute chevelure brune car oui, l'un comme l'autre se voyaient beaucoup moins joufflus que ne le montrent leurs photos.... Et même dessin d'une sûreté absolue. Et ni l'un, ni l'autre n'auront vraiment de disciples ou de successeurs.

         Très jeune, ses professeurs décèlent en lui ce don pour le dessin.  Il rentre à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne et fait la connaissance de Klimt. Admiration. Cette Danaé

de 1909, en haut à gauche, s'inspire de celle de Klimt. On s'y croirait. Même draperie minutieusement décorée sur laquelle se découpe le corps de la femme.... mais il n'a pas les moyens d'y mettre de l'or!! Cela ne va pas durer. Il suffit de regarder ces deux portraits de 1910: à droite, Portrait d'Eduard Kosmack, de face, les mains jointes (cet éditeur autrichien passait pour être hypnotiseur, d'où les yeux fixes, et l'aura blanche qui l'entoure...) et, à gauche, Portrait du Docteur X, il est déjà vraiment unique. 

       Quant à ce Nu à la jambe levée, vu de dos (autoportrait), toujours de 1910, il témoigne de ce traitement extrême du corps qu'il ne cessera de développer et d'approfondir
         

       A dix neuf ans, il expose ses première oeuvres, mais quitte l'Académie, où il est plutôt mal noté. Pourtant des collectionneurs s'intéressent à lui. Il faut dire qu'il développe une esthétique unique, qu'on voit bien plus proche de l'expressionnisme que de la Sécession, mouvement auquel il va cependant appartenir. Il dessine des corps, des corps, des corps, Des corps maigres, maladifs, distordus. Ce n'est pas un artiste maudit, dans la mesure où il expose beaucoup, mais c'est quand même un artiste qui fait de la taule, pour "diffusion de dessins immoraux"...

         Il est vrai que ces dessins aquarellés de 1911, à gauche, Couple nu, à droite, Nu masculin couché, où il utilise un materiau très.... humide qui met en évidence les chairs et amollit les contours sont assez provocants, pour l'époque...

         En 1912, cet Autoportrait au coqueret, à gauche, ne manque pas d'un certain charme....

 En 1912 encore, Deux femmes couchées, à droite.

         Dès 1913, Schiele participe à de nombreuses expositions avec le groupe Sécession, en Allemagne, mais aussi à Rome, Bruxelles, Paris....

         En 1914, à gauche, cet Autoportrait en gilet, le coude droit levé. La gouache est maintenant utilisée en couche très épaisse. La musculature est mise en évidence, mais la posture a quelque chose d'artificiel, Schiele s'intéressait au mime et aux marionnettes.
        En 1914 encore, ce petit dessin au crayon (à droite), Femme assise.

       Mais, en 1915, alors qu'il vient de se marier, et bien qu'il ait déjà été déclaré inapte, l'armée rattrape Schiele. Oh, ce n'est pas terrible: affecté à l'intendance, il est chargé de...... dessiner les bâtiments militaires, et organiser une Exposition de guerre.
         En 1917, cette merveilleuse gouache: Nu féminin couché. Le visage est visible, presque gracieux; le corps est rond; le drapé, pudique....

         Dans Mère et enfant, très tendre aussi -il y a eu une évolution en cinq ans, sur la façon de regarder l'humanité, les membres sont bizarrement coupés.....
       En 1818, crayon, à gauche, Nu masculin debout, les bras croisés dans le dos

En 1818 encore, il est transféré au Musée militaire. Et expose, toujours. Mais son épouse, enceinte, contracte la grippe espagnole et meurt. Il la suit, quatre jours plus tard... Terrible fin pour ce génie aussi chéri que maudit. Et qui avait, sans doute, encore tant de choses à dire!
        Pour terminer, quelques huiles; même si ce n'est pas ce qu'on retient en premier lieu de l'oeuvre d'Egon Schiele, elles sont intéressantes: Procession (1911); Le Pont (1913); Krumau sur la Vitava, la petite ville IV (1914), Sunflower (1918)

        Jusqu'au 14 janvier