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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

JÔMON, L'ART DU JAPON DES ORIGINES à la MCJP

 

 

       Paris est la ville la plus épatante du monde! Bon, je déteste globalement cette capitale.... mais il faut reconnaître que, pour apprendre, découvrir, il n'y a pas une ville en France et, j'en suis certaine, dans l'univers, où il y ait autant de musées et d'expositions passionnantes.
      A la Maison de la Culture du Japon à Paris, le haut lieu du Japonisme en ce bel automne, l'exposition sur le Japon archéologique (la fin de l'ère glaciaire, soit 11000 ans AC à 400 ans AC) est totalement envoûtante! On sait tout (enfin, on croit tout savoir...) sur l'ére d'Edo, mais alors, Jômon, jamais entendu parler. C'est le néolithique, en principe. Sauf qu'au néolithique, c'est la découverte de l'agriculture et de l'élevage, mais pas au Japon: les populations étaient encore des chasseurs-cueilleurs et des pêcheurs (la plus grande partie des sites de fouille est proche des côtes. La grande île de Honshu est la plus riche en gisements). A partir de -300 seulement, ce que l'on appelle la période Yayoi, on trouve des traces de civilisations agraires. Les peuples Jômon maîtrisaient essentiellement la céramique, et tous les objets exposés, dont beaucoup sont classés "Trésor national" ou "Bien culturel important" sont des poteries. Elles sont décorées de motifs obtenus par impression de cordes, d'où le nom: Jô Mon signifiant, en gros, décor de cordes. Il y a aussi des marques faites au doigt, des stries faites à l'ongle, des boudins d'argile enroulés par la technique du colombin, déposés comme ornements.... Le four de potier n'existait pas encore. La cuisson se faisait simplement dans un foyer.  

    En fait, les premiers objets n'ont été découverts dans des "amas coquilliers" (des lieux où les habitants déposaient leurs déchets) que relativement récemment, c'est dire qu'il y a très peu de certitudes sur ces civilisations. Ils devaient vivre dans des habitations semi-enterrées; un certain nombre de récipients semblent faits pour être posés dans le sol. D'autre, ornés de décors sophistiqués comme cette incroyable jarre, à droite, datant du Jômon moyen (-3000 -2000) aux volumineuses protubérances "en crête de coq" avaient peut être un usage rituel. Mais on ignore tout des rites religieux que pouvaient avoir ces peuplades. 
     De même, on ne sait pas trop comment interpréter les dogû, -statuettes anthropomorphes en argile cuite que l'on a retrouvées abondamment et qui constituent la plus grande (et surtout la plus fascinante) partie de l'exposition. 
       En haut à gauche, cette "Vénus Jômon" nous rappelle, évidemment, toutes ces figurines callipyges, que l'on retrouve chez la plupart des civilisations primitives et qui, sans doute, devaient intervenir dans des rites liés à la fertilité.

       Mais que penser des dogû d'Ebisuda aux yeux globuleux qu'on a baptisés « lunettes de neige »,  au corps couvert de scarifications (à gauche). Tatouages? On pense à ce que seront les futures armures de samouraï.... 


        Les chercheurs considèrent qu'il s'agit, la plupart du temps, de statuettes féminines, parce qu'elles ont des petits seins. Bon!
       Beaucoup d'entre elles ont, comme à droite, un visage en forme de triangle, ce qui semble indiquer qu'il y a, en fait, un masque posé sur ce visage. En effet, on a retrouvé aussi un certain nombre de masques dans les gisements.

 

       Vous voyez qu'elles ont, généralement, des pieds énormes, mais ces pieds sont, en réalité, creux, ce qui explique que la plupart des statuettes ont été retrouvées, malheureusement, brisées. Ainsi, une minuscule statuette d'une femme assise de côté, dans une position très naturelle, allaitant son petit: il lui manque la tête... Quel dommage!
       A gauche, un magnifique dogû "en position de prière" (enfin, selon nos habitudes. Disons "les mains jointes". Le corps est comme d'habitude, entièrement scarifié, ce qui peut évoquer tout aussi bien des tatouages que la présence de vêtement? 
        Sur certaines de ces poteries, des traces de pigments rouges indiquent que les objets ont sans doute été peints. Plus surprenant: on voit à la fin de l'exposition deux jarres recouvertes de laques -personne n'imaginait que l'emploi de la laque soit si ancien! 

     On voit aussi un extraordinaire petit panier en écorce tressée.... quand il a été trouvé, il contenant encore une coque de noix...
       Sur un vase, le dessin très clair d'un arc: une représentation de scène de chasse.
       On voit des hachettes et des bijoux, essentiellement des anneaux destinés à être insérés dans les lobes d'oreille. 
       Enfin, il y a aussi quelques statuettes zoomorphes, dont ce charmant petit sanglier, à droite, aussi gracieux que réaliste. Bref, cette peuplade primitive avait un remarquable sens du beau.
       Les photos sont particulièrement mauvaises, car il y a une interdiction de photographier. Il faut donc chercher des illustrations et pour terminer, trouvés sur Wikipedia, deux bols

à décor de cordes datant du Jômon archaïque, et une impressionnante pierre phallique montrant que le sexe fort était aussi à l'honneur.
         Bref, pour les chercheurs en mal de thèse, il y a à faire du côté Jômon....

          Jusqu'au 8 décembre seulement! Ca ne se rate pas!

 

 
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