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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

La vie d'O'haru, femme galante, de Kenji Mizoguchi à la MCJP

          Encore une merveille à la Maison de la Culture du Japon à Paris, l'endroit où il faut être actuellement pour voir du cinéma, quoi, car sur les autres écrans c'est nanards et compagnie.
          Encore une merveille due au grand Kenji Mizoguchi, totalement fascinante.
          Qui nous fascine, malgré un certain nombre d'imperfections, qui à la revoyure, sautent aux yeux:
          Le mélo poussé à son extrême car, chaque fois que la pauvre O'haru croit s'en sortir, une nouvelle catastrophe s'abat sur sa tête....
         Le manque de caractérisation psychologique de O'haru, dont on ne sait rien, finalement: elle n'est qu'un archétype, l'archétype de la femme victime, exploitée....
          L'empilement de trois "fausses fins"
          Le jeu théâtral, assez artificiel, des acteurs.
          Malgré tout cela, on est envoûtés. Et quelle dénonciation de la condition féminine au Japon! En quelle période, au juste? Sous l'ère Edo, certainement, puisqu'on mentionne les relations familiales entre le seigneur local et le shogun Tokugawa. J'y ai relevé aussi une pointe d'anticléricalisme: quel manque de compassion chez la nonne bouddhiste auprès de laquelle O'haru espère retrouver la paix..... Il y a également une scène fulgurante où O'haru, vieillie, pénètre dans un temple et, devant l'alignement de tous ces bienheureux, crie à ses compagnes de déchéance: "ça, des saints? regardez les! ils ressemblent aux hommes, à tous ces hommes qui sont passés dans nos vies......"
          O'haru est courtisane à la cour de Kyoto. Toute jeune, elle n'a pas vingt ans sans doute. Et elle tombe amoureuse d'un homme de basse classe. Cela se sait, et elle  est chassée de la cour, à la grande fureur de son père. Mais une autre merveilleuse éventualité se présente à elle: la belle épouse du seigneur local ne peut lui donner d'enfant. Un fonctionnaire parcourt les villages pour trouver une jeune fille qui corresponde exactement aux désirs, très précis, du seigneur: c'est juste O'haru! La voilà s'imaginant mener la vie de luxe d'une première concubine, d'autant plus qu'elle accouche d'un fils. Hélas! les ministres trouvent que leur maître prend trop de plaisir avec O'haru, épuisant ses réserves vitales. la voilà renvoyée..... là, son père qui a évidemment échafaudé des plans sur la comète, est fou de rage. Une scène poignante montre O'haru, mendiant au bord d'une route, regardant passer l'enfant devenu un bel adolescent, dans un riche palanquin.... Entre temps, essayant de s'employer comme servante, elle est persécutée par ses patrons et finit par tomber dans la prostitution la plus sordide.
          O'haru, c'est Kinuyo Tanaka. J'ai vu passer au générique l'inévitable Toshirô Mifune..... mais n'ai pu l'identifier!!
          Oui, cinéma profondément humaniste, féministe, et envoûtant.....
 

A revoir jeudi 13 à 19h 15

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