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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

RENDEZ VOUS A SAMARRA   de John O’HARA       

 

            John O’Hara (1905 /1970) n’est pas un écrivain américain des plus connus. Bon, quand on appartient à la génération Faulkner, Hemingway, Steinbeck, Dos Passos, Caldwell, n’en jetez plus…. Y a des grands arbres qui font de l’ombre. Mais O’Hara ne boxe pas dans la même catégorie que ces grands. Il est bien plutôt à rapprocher de Scott Fitzgerald. Sauf qu’on est loin du milieu élégant de Gatsby ; le présent roman se passe dans une petite ville minière de Pennsylvanie, relativement prospère malgré la dépression –en tous cas, la bourgeoisie locale n’a pas l’air de souffrir et pratique la ségrégation sociale aussi bien qu’à Boston : il y a les membres du country-club, ceux qui peuvent être invités au country-club et ceux qui restent à la porte. Les héros de O’Hara sont bien insérés –et forment, il faut bien le dire, une magnifique brochette de crétins. Le jour, ils travaillent, le soir, ils boivent. Quant à leurs femelles, le jour, elles feignassent, s’occupant vaguement dans de bonnes œuvres d’alphabétisation des pauvres, et le soir, elles boivent (problème numéro un : se procurer malgré la prohibition du vrai scotch de contrebande et pas du rye, l’alcool de seigle local)

            Julian English est le propriétaire de la concession Cadillac. Il a une ravissante femme, Caroline, avec une entente sexuelle excellente ; elle n’était pas toute jeune quand ils se sont mariés, et bien qu’elle se soit fait tripoter, peloter…. par une bonne partie des jeunes hommes de la ville, elle a toujours préservé son capital marchand, cette virginité gage d’un bon mariage.

           Un soir où Julian est, sans doute, un peu plus saoul que d’habitude, il va balancer son whisky-soda à la figure du rigolo de service, Harry Reilly, un nouveau riche, lui…. et catholique de surcroit. Le glaçon atteint Harry dans l’œil, provoquant un beau coquart. Bon, Julian a toujours détesté Harry, c’est comme cela, même si ce dernier lui a octroyé un prêt des plus généreux…. A partir de là, tout va se déglinguer, jusqu’au soir où Julian, encore plus bourré, drague la poule du caïd des trafics local, en présence de Caroline.
            Que dire ? Que O’Hara ne gagne rien à sortir de l’ombre où il était. Car, si ce récit est incontestablement bien mené et bien écrit, il n’en est pas moins peu intéressant. Les multiples personnages sont inexistants, dépourvus de toute touche psychologique, juste définis par leur milieu et leurs habitudes. Qu’est-ce que Julian a dans le crâne, à part des vapeurs d’alcool ? Qu’est-ce qui motive sa descente aux enfers ? Quels sont les intérêts, dans la vie, de Caroline ? La culture de tous ces gens-là culmine en allant voir, de temps en temps, une comédie musicale…. Les histoires des paumés seraient elles, par hasard, plus intéressantes que celles des riches ?

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