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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

LA MONTAGNE MAGIQUE de THOMAS MANN

        Il y a quelque temps, j'ai lu Les Buddenbrock. Aucun souvenir, si ce n'est que cela devait être la saga d'une famille.... s'appelant Buddenbrock.
        Il y a pas très longtemps, j'ai lu -oui oui oui en entier L'homme sans qualités. Ca, je m'en rappelle comme d'un pudding étouffant de pédanterie, de spéculations lourdingues. Et donc je me demande: finalement Thomas Mann est il moins em.... que Robert Musil ou tout pareil? et j'ai donc repris le tome 1 de La montagne magique pour en avoir le coeur net.
        Ce qui reste intéressant, amusant, curieux, c'est la description de ces sanatoriums montagnards début du siècle précédent, dont on sortait généralement les pieds devant (faut dire que les chambres non chauffées et les expositions à l'air vivifiant, ça ne devait pas arranger). Cette petite société vit une existence totalement réglée, ponctuée de 5 repas (!!!): déjeuner, petit déjeuner, diner, thé et souper, chacun suivi d'une promenade et de la cure d'air sur le balcon, bien emmitouflé dans des couvertures. Les malades ne se mélangent pas entre eux. Il y a une bande de jeunots à pneumothorax; il y a ceux qui, trop malades, ne quittent pas leur chambre; les Russes "bien" sont à une table; les Russes vulgaires, à une autre. Certains font régulièrement le mur pour s'amuser, un peu plus bas, dans l'élégante station de Davos...
        Hans Castorp, le héros, jeune ingénieur, vient rendre à son cousin malade. Il s'avérera qu'il est, lui aussi, malade, et ses trois semaines de vacances se transformeront en des années de soin. C'est un crétin: Mann prend soin de nous en avertir, car oui, il y a un certain nombre de clins d'oeil au lecteur, un des procédés narratifs les plus exécrables qui soient. Mais le jeune homme est pris en charge par Settembrini, un intellectuel plus âgé qui travaille à un livre pour le progrès de l'humanité, et dont les nombreuses digressions sont aussi claires que du pâté de foie: les longs échanges abscons entre les deux hommes ne nous renseignent en rien sur la pensée philosophique de Thomas Mann. Tous les dialogues sonnent faux; tous les personnages sont caricaturaux. Comparons simplement avec notre Proust: certes, il s'agit d'une société d'aristocrates désoeuvrés, bien éloignée de la nôtre, mais les dialogues sont justes; ils ne sont pas systématiquement ampoulés!
        Ce que j'en retiendrais, mis à part l'amusant décor historiquo-sociologique, c'est une réflexion intéressante sur la sensation de temps. Le temps n'est pas universel. il peut s'étirer interminable (par exemple pendant les 7 minutes où le malade a le thermomètre dans le bec) Mais il peut aussi complètement disparaitre, dans l'infinie monotonie répétitive des journées. Pour cette raison, d'ailleurs, certains ne veulent plus jamais repartir, même guéris. Englués dans l'existence prévisible, immuable du "monde d'en haut" ils ne supporteront plus la vie normale, avec ses surprises et se prises de décision nécessaires.
        Mais comme tout est pesant, alambiqué, prétentieux. J'ai l'impression que ces grands intellectuels allemands ont pris une place disproportionnée dans le paysage littéraire de la première moitié du siècle précédent. Quand on pense que La Montagne Magique est quasiment contemporaine des premiers Faulkner.... Oh là là! C'est dur! Vive l'Amérique

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