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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

DANS UN JARDIN QU'ON DIRAIT ETERNEL de TATSUSHI ŌMORI

      Pour ceux qui sont fascinés par le Japon, son passé, sa culture, ses traditions, qui se laisseront complètement envoûter, alors que les autres s'ennuieront  ferme. Un quart de siècle de la vie d'une jeune femme, au cours duquel il ne se passe rien, que la fuite des saisons.... et la répétition incessante de cérémonies du thé. J'ai assisté déjà à ces cérémonies -la Maison de la Culture du Japon à Paris organise régulièrement des cours de thé- sans vraiment en comprendre  la signification. Peut être ais-je un peu progressé, tout en restant encore complètement en surface.
      Ces cérémonies sont diverses: la cérémonie du thé d'été n'est pas la même que celle du thé d'hiver, ou encore que celle du thé fort.... Mais chaque geste, chaque position est immuable, suit un rituel qui ne tolère aucun écart dans la position des doigts, aucun millimètre dans le repositionnement des objets -bouilloire, récipient d'eau froide, louche, fouet.... Par exemple, le pliage en trois de la petite serviette est précédé de toute une séquence ritualisée de pliages /dépliages, autrement dit, dès le début, vous vous sentez largué. Pourquoi? Parce que cela doit être comme cela, dit le Maître de thé. Ici le Maître de thé, le Professeur Takeda, est Kiki Kirin, vieille dame aux bandeaux gris que nous avons vue dans tous les films japonais, en particulier ceux de Kore-Eda, et qui vient malheureusement de disparaître.
      Au début du film, Noriko (Haru Kuroki) est une adolescente timide, attachée à ses parents, qui ne sait pas trop quoi faire de sa vie et est plutôt mal à l'aise, sauf quand elle se retrouve avec son inséparable amie et cousine Michiko (Mikako Tabe) qui est, elle, extravertie et culottée, et qui a un projet d'existence bien défini: travailler un peu après la fac puis trouver un bon mari, fût-ce au prix d'un mariage arrangé, et avoir des enfants.... Les parents de Noriko suggèrent à leur fille de prendre des cours de thé. Pourquoi pas, dit Michiko ça doit être marrant (!!!) Et ainsi, les deux jeunes filles vont s'engager dans cet apprentissage sans fin, jusqu'à ce que Michiko se marie et change de ville, tandis que Noriko, déçue en amour, déçue professionnellement, persévère, mais ce n'est qu'après la mort de son père, cruellement vécue, qu'elle appréhende enfin dans sa chair le sens du kakemono (d'un des kakemonos, car madame Takeda les change en fonction des jours, des saisons....) "Chaque jour est un bon jour"
      Elle comprend que que le bonheur de la vie est d'en appréhender chaque instant comme s'il était unique, le premier ou le dernier, ou encore l'unique parmi mille autres, et que seule la répétition permet cette préhension; elle sera, à son tour, maître de thé. Êtes vous prêts, occidentaux agités, à recevoir cet enseignement?
      Parfois très beau, quelquefois drôle -vision irrésistible d'un troupeau de petites dames d'un certain âge, certaines ayant passé une fourrure sur leur kimono d'hiver,trottinant sur leurs socques vers une salle de conférences.... ce film nous ouvre vers une autre culture, très éloignée de la nôtre, mais oh combien fascinante.

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