MANET /DEGAS au MUSEE D'ORSAY I FAMILLE ET AMIS

        C'est la mode: marier deux artistes pour donner un petit côté d'originalité à une exposition qui, sans cela, risquerait d'être banale..... A deux ans près, Edouard Manet et Edgar Degas  sont contemporains.

       Ils sont, l'un et l'autre, embrigadés dans l'aventure impressionniste sans, Dieu soit loué! en être. Degas se réclame de l'impressionnisme, mais n'a rien à voir avec Monet ou Renoir; Manet se défend d'en être, mais parfois flirte avec les procédés...

       Ils revendiquent la peinture en plein air? Bon, ils n'étaient pas les premiers, avant eux il y avait eu l'école de Barbizon

       Ils fréquentent les mêmes lieux (comme le bistro de la Nouvelle-Athènes), traitent des mêmes sujets (les femmes, les chevaux...)

       Ils se seraient rencontrés au musée du Louvre, copiant Velasquez. Pas étonnant: ce sont tous les deux des petits bourgeois, et même carrément des fils de grands bourgeois. Après de vagues études, ils avaient tout loisir de se cultiver, de voyager aux frais de Papa!

       Ils sont amis, ce qui n'empêche pas que cela a tourné au vinaigre... Degas a réalise de nombreux portraits de Manet. La réciproque n'existe pas.     

        Le père de Manet est haut fonctionnaire; sa mère, fille de diplomate est la filleule du roi de Suède.

       La famille de Degas appartient au monde des affaires et de la finance.

       En haut à gauche, Hilaire Degas (1857), le grand-père de l'artiste, banquier à Naples. On ne saurait faire plus sélect..

       En haut à droite, Portrait de Madame Manet mère (1863) La encore, on imagine une femme ne plaisantant pas sur les principes..

       L'épouse de Manet, Suzanne Leenhoff, est musicienne et professeur de piano: à gauche, Madame Manet au piano (1868) Elle ne semble pas très jolie, et, clairement, elle a gros pif.

       Degas a t-il été trop réaliste? Le fait est que quand Degas offre à son ami cette toile, Monsieur et Madame Edouard Manet (1868), à droite, représentant Madame au piano et Monsieur très décontracté sur son sofa, Manet furieux déchire la moitié droite ce qui blesse terriblement le peintre. D'où en découle une très grosse brouille

       La même année, Degas avait réalise des Portrait d'Edouard Manet (1868) à la mine graphite, dessins vraiment intéressants, à gauche.      

       Qu'on peut rapprocher de cet élégant Autoportrait à la palette (1878), à droite, le seul autoportrait connu de Manet.

       Et pour Degas? rien!

     Dans la famille, il y a aussi un coucou : Les Bulles de savon (1867), à gauche. Eh oui, Suzanne avait amené ce charmant bambin, Léon, de père parfaitement inconnu, qu'on présente comme son petit frère (lui même le croira longtemps), et dont Manet est le parrain.

       Et puis, il y a les amis, et parmi les amis, la plus belle, Berthe Morizot.       

       Le salon des parents de Berthe que fréquentent peintres, musiciens et écrivains est un foyer de modernité ou femmes et hommes s'expriment sur un pied d'égalité. Les Morizot ne s'opposent pas, d'ailleurs, à ce que leurs filles exposent et envisagent de faire de la peinture, leur métier. Edma renoncera, mais Berthe s'engage aux côtés des impressionnistes.

       Les portraits que Manet en fait, dont le célébrissime Balcon (1868/69), à droite, montrent une beauté stupéfiante, presque inquiétante, mais parfois aussi mutine, Portrait de Berthe Morizot étendue (1873), à gauche.

       Toujours dans ce noir dont Manet est passé maître: à droite, Berthe Morizot au bouquet de violettes (1872), ou en blanc comme le Repos, portrait de Berthe Morizot (1870), où elle s'étend avec beaucoup de liberté.

       Etait-il amoureux d'elle? Evidemment! Ca saute aux yeux!! mais dans ce milieu, on ne s'autorise pas de scandale. Et elle, qui le regarde avec cette petite pointe de provocation? On ne le saura jamais. Mais c'est bien son frère qu'elle a épousé...

       Donc, madame Manet: à droite, la Femme au chat (1880) a pu dormir tranquille. Bon, à choisir....

       Ah oui, Manet adorait les chats. A gauche: Rendez vous de chats  (1868). Dignes de Steinlein...

       A droite, Les Chats, 1867/68, à la façon d'Hiroshige....

       Bon, et la vie sentimentalo /sexuelle de Degas, alors? Elle restera un mystère, ça a pas été faute de chercher. Ce qui est évident, par contre, c'est qu'il les a représentées, comme on le verra, avec, énormément de cruauté..