JACOBUS VREL à la FONDATION CUSTODIA. I SCENES DE RUE

            Mais bien sûr, si on est venus à la Fondation Custodia, c'est pour Jacobus Vrel, présenté comme un précurseur de Vermeer.. En fait, celui ci est né en 1632 et Vrel en 1617. Il n'est donc son ainé que d'une quinzaine d'années. Mais cette parenté avec le dieu Vermeer fait qu'on s'y précipite... et il y a du monde! Il est vrai que la programmation de cette expo coïncidait avec les vacances et elle est, maintenant, terminée. Elle a été, auparavant, présentée au Mauritshuis de La Haye. 

          Les deux peintres ont donc été longtemps confondus. Les initiales des deux artistes sont les mêmes . Ca n'aide pas...Et la plupart des tableaux de Vrel ne sont pas datés.... le seul qui le soit (Femme à la fenêtre) indique 1654. Il n'est donc pas étonnant que certaines de ses oeuvres aient été attribuées à Vermeer, et que Jacobus n'ait jamais eu l'honneur d'une exposition monographique.

          De plus, on ne lui attribue que quarante-quatre tableaux, ce qui est vraiment très peu -exactement comme pour Vermeer dont on a identifié trente-cinq toiles, et qui n'en aurait réellement exécuté que quarante-cinq au long de toute sa carrière. Carrément moins que Basquiat.... mais demandant carrément plus de travail....

           Bref, la vie de cet homme reste quasiment inconnue. On sait qu'il travaillait à Zwolle, belle et riche ville hanséatique cernée de remparts; on peut identifier certains des lieux représentés. Mais, on n'en sait pas plus. Heureusement, la science avance et l'analyse des supports de bois par dendrochronologie (la datation des bois à partir de leurs anneaux de croissance) a permis d'affirmer que les premières oeuvres datent des années 1630, c'est à dire que le peintre est bien un précurseur, et non un imitateur, de Vermeer. 

        L'exposition a été préparée par un groupe de chercheurs: Cécile Tainturier de la fondation Custodia, Quentin Buvelot du Mauritshuis de La Haye et Bernd Ebert de la Alte Pinakothek de Munich; ils doivent cependant reconnaître qu'ils n'ont rien découvert qui puisse éclairer la vie de cet homme énigmatique.

          On se contentera donc de regarder ses tableaux.... et de les comparer à ceux de ses contemporains, également exposés à Custodia. Personnellement, je trouve que les tableaux de Vrel ont une qualité de composition et de profondeur qui surclasse ceux de ses contemporains, comme on va le voir. Sans atteindre à la beauté incomparable de ceux du maître de Delft....

        On peut séparer les oeuvres montrées à Custodia en deux groupes: les scènes de rues, et les scènes d'intérieur. Les unes et les autres témoignent d'une vie lente, calme; on y entend le silence.... Vrel serait le premier peintre du Siècle d'or à montrer de simples scènes de rue, sans bâtiment ou évènement marquant, et le genre va se développer et devenir très à la mode tout au long du XVIIe siècle.

          En haut à gauche: Scène de rue animée m'amuse par son titre, car ces quelques personnes qui cheminent entre les hautes façades de cette ville encore médiévale, ce n'est pas exactement l'idée qu'on se fait, en notre siècle, d'une rue animée....  

        En haut à droite,  Scène de rue avec un boulanger, près d'un rempart.

          A gauche, Maisons le long d'un rempart, deux personnes s'éloignant.

          A droite, Deux femmes conversant par une fenêtre
          A gauche, Paysage avec deux hommes et une femme conversant. L'avez vous remarqué? Vrel ne s'intéresse pas aux visages. Comme on le verra mieux dans les scènes d'intérieur, il aime représenter ses personnages de dos. Et sur ces trois amis? Le visage de la femme est entièrement dissimulé, quant à celui des hommes, il est pas mal occulté par leurs chapeaux. C'est clair:  Vrel n'est pas un portraitiste!

          Voyons maintenant deux contemporains.

           A droite Job Berckheyde : Vue sur un canal, peut être le Oude Gracht à Haarlem (1665)

          A gauche Hendrick van der Burgh. Le marché aux légumes avec vue sur la Stille Rijn à Layde, (après 1658) On voit bien combien la démarche est différente: il y a une recherche du mouvement, du pittoresque. On est très loin de l'atmosphère contemplative des tableaux de Vrel.....