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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

A LA COUR DU PRINCE GENJI au MUSEE GUIMET I LES POETESSES

          Comment ne pas être intimidé en entrant dans ce monument de la culture japonaise, ce monument de la culture médiévale, toutes choses si éloignées de nous? Rédigé à l'époque de Heian (794/1185 pour être précis...), le Dit du Genji de la poétesse Murasaki Shikibu nous entraine dans un monde d'un extrême raffinement (d'une extrême cruauté aussi, évidemment) qui n'a rien à voir avec les moeurs de rustres qui caractérisaient le Moyen-âge européen.

          Ce texte irriguera toute la culture japonaise jusqu'à, de nos jours, le manga.., inspirera la création de peintures, laques, vêtements, sculptures...  Nous ne connaissons pas d'équivalent dans notre monde occidental. Interrogeons nous donc d'abord sur l'existence de ces poétesses dont le rayonnement peut paraître incongru dans cet univers machiste.

          En haut à gauche La poétesse Sei Shonagon, de Torii Kiyonaga (vers 1781). Cette poétesse (~966 /1013) était dame de compagnie d'une impératrice, et ses Notes de chevet sont un témoignage sur la vie à la cour.

          En haut à droite, La poétesse Ono no Komachi (~502 /900), également de Torii Kiyonaga, qui parle de passion et d'érotisme, comme de solitude est considérée comme une des six génies de la poésie...

          A gauche, la même, de Tosa Mitsunorii (peinture sur soie, 16ème siècle) Elle passait pour être d'une grande beauté.

          Quelques vers:

          Les coloris des fleurs,

          Ont bel et bien passé,

          En pure perte,

          Ma vie coule en ce monde,

          Dans le temps d'une longue averse.          

         A droite un écritoire avec les petits godets pour  les différentes couleurs. C'est l'époque où aux idéogrammes chinois, se substitue le hiragana, une écriture cursive. C'est aussi l'époque de l'essor du bouddhisme.

          A droite, le pavillon bouddhique Byodo-in, à Uji, préfecture de Kyoto. (épreuve colorisée de Moritomi Saegusa, 1879), lieu où se déroule une partie de l'intrigue du Dit du Genji, qui abrite une magnifique représentation du Bouddha Amida, comme celui à gauche, qui est conservé au musée Guimet, considéré comme le Bouddha de la terre pure occidentale de la Béatitude.

         En cette période, les femmes aristocrates sont tenues à l'écart de toute vie sociale. Elles se déplacent (plus ou moins accroupies?) dans des palanquins fermés, comme celui ci, qui date de la fin du 18ème siècle. Mais elles sont relativement libres de leur temps qu'elles consacrent aux arts, voire aux relations galantes.

         C'est ainsi que Murasaki Shikibu, fille d'un gouverneur de province, devenue après son veuvage dame de compagnie d'une impératrice, a pu écrire les 54 livres du Dit du Genji....        

         Pour terminer, ce sont quelques détails d'une magnifique paire de paravents du début du 17ème siècle. La roue à aube et les flots de la rivière permettent d'identifier l rivière d'Uji, lieu de pèlerinage sur la route qui relie Kyoto (alors Heian) et Nara; les éventails à la dérive, les inévitables grues créent tout un climat littéraire.

          En bas à droite, cette écritoire en laque qui date du  début de l'ère Meiji met en scène, là encore Uji reconnaissable  par son pont qui date du 7ème siècle.

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