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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

MOI, CHARLOTTE SIMMONS de TOM WOLFE

          Si ce qui est excessif est insignifiant..... on peut se demander quelle est la signifiance du roman relativement tardif (2006) de Tom Wolfe:  Moi, Charlotte Simmons.....

          Charlotte Simmons vient d'une famille plus que modeste d'un trou montagneux de Caroline du Nord. Mais voilà, c'est une élève brillantissime....... et elle est admise dans une prestigieuse université de Pennsylvanie, la Dupont University. A Sparta comme ailleurs, les bons élèves, les chouchous des profs sont raillés, ridiculisés par les cancres (bien plus populaires) et Charlotte, même si elle a un peu peur de l'inconnu, pense qu'elle va enfin s'épanouir dans ce milieu intellectuel qui est le sien. Elle part donc, bardées de certitudes: son intelligence supérieure, Moi, Charlotte, destinée à faire de grandes choses, et de la morale protestante soigneusement inculquée par sa mère: jamais d'alcool, jamais de sexe avant le mariage. Et dès le début, se sent terriblement déplacée: comme ses parents, venus l'aider à s'installer, font ploucs à côté des autres...... comme ces filles, en jean collant et talons, hypermaquillées la rendent provinciale, avec son museau passé au savon..... Malgré tout, elle est très jolie.

             C'est une université mixte, vraiment mixte, c'est à dire que douches et toilettes sont communes (j'ai peine à croire que ça existe aux US!!). Première horrible expérience. Et puis.... le reste. La bière (interdite en principe dans les résidences) coule à flots. Les garçons ne pensent qu'à boire ou à baiser ou les deux à la fois. Le reste du temps, ils jouent à la Play station tandis que la TV toujours allumée diffuse des chaines de sport. Les filles, elles, ne pensent qu'à se faire sauter. Charlotte se trouve rapidement sexilée par sa très chic, très riche, très maigre camarade de chambre "va dormir ailleurs, j'ai besoin de la piaule". Au petit matin, tout ce petit monde rentre glauque en vomissant partout. Leur langage est ordurier, leurs conversations débiles. On n'écoute que du rap, "Doctor Dis", aux paroles..... fleuries. Le traducteur ne s'est pas foulé, usant et abusant du langage caillera le plus banal. C'est pourquoi, connaissant le gout pour le tape-à-l'oeil de l'homme aux costumes blancs, on a envie de lui dire "Eh, Tom? Vous ne chargez pas un peu la barque, dès fois?" Au vu de certaines descriptions, il semble qu'un cours universitaire à la Dupont ressemblerait à une classe de CM2 à Clichy sous Bois.

           Les pires, ce sont les vedettes de l'équipe de basket, des noirs, et quelques blancs, comme Georges Johanssen, Jojo, une vedette, un colosse bouffi de muscles. L'équipe, dans son ensemble, doit être de niveau C; son entraineur recrute donc quelques élèves convenables qui resteront sur le banc de touche, les Jojo mettant un point d'honneur à être totalement nuls; au cas où ils connaitraient une réponse à une question du professeur, ils s'empressent de dire, à la place, une imbécillité qui fera se tordre de rire l'assistance... Mais ces débiles sont assistés par un répétiteur, un bon élève qui a besoin de se faire un peu de blé. Celui de Jojo c'est Adam,  qui fait partie d'un petit groupe d'intellos qui s'est baptisé "les Mutants". Son problème: il est puceau mais, contrairement à Charlotte, pas fier de l'être..... Enfin il y a le séduisant Hoyt, play boy méprisant qui se croit tout permis, membre de la très snob fraternité Saint Ray. Trois garçons qui vont tourner autour de Charlotte, vertueuse petite pécore (dans son genre, avec ses certitudes) qui va tomber de très haut. 

          Adam se trouve obligé de faire, en une nuit, le travail de recherche que Jojo avait totalement occulté. Il pourrait au moins lui expliquer: mais pas le temps, Jojo a autre chose à faire: une partie de Play station avec quelques bières. Hélas: c'est trop bien..... cette fois ci, le prof ulcéré va se plaindre à la direction. Evidemment que ce n'est pas ce bas-du-front de Jojo qui a écrit ces pages magnifiques.... Juste au moment où celui ci, saisi par la grâce (de Charlotte) a justement envie de se mettre à travailler et d'apprendre des choses..... 

            En parallèle, il y a la première cuite de Charlotte suivi de son dépucelage par Hoyt dont les détails vont faire la joie du campus..... et le naufrage de celle ci dans une dépression vers les B-, les C, pour ne pas dire les D...

            Evidemment, en bons continentaux, on est d'abord ravis d'en apprendre plus sur le fonctionnement des universités américaines. Et puis, on se dit vite que tout cela est trop long, répétitif, caricatural et, très vite encore, on déchante! Wolfe veut régler son compte avec le système universitaire états-uniens? Alors, qu'il le fasse avec finesse..... En plus, c'est mal écrit. Une phrase, complètement au hasard: "son coeur battait la chamade, produisant un son âpre chaque fois qu'elle ouvrait la bouche pour respirer...." Vous avez vu ça où, un coeur qui produit un son âpre?

             Même le personnage de Charlotte qui pourrait être attachant -avec ce mélange fascinant de complexe de supériorité (je suis plus intelligente que tout le monde) et d'infériorité (personne ne s'intéresse à moi) est surjoué et on se fiche de la dépression extravagante de la chétive pécore incapable de trouver l'équilibre entre la licence qui l'entoure et le fanatisme moral dont sa mère l'a soigneusement imbibée.

                    Et aussi vite, c'est oublié.....

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