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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

SEROTONINE de MICHEL HOUELLEBECQ

          Alors que -grave défaut- j'ai des idées arrêtées (voire préconçues....) sur tout et sur tout le monde, je suis incapable de savoir ce que je pense de Michel Houellebecq.... On l'encense ou on le hait, en général (on l'a bien vu à propos de la remise de sa légion d'honneur.) Moi: rien; mais il m'intrigue, et même sans doute, me fascine. En gros, il nous dit: on peut être cadre supérieur et beauf. Or nous autres, les cadres supérieurs ou pas, nous nous vantons de pouvoir détecter le beauf à 100 mètres, pour mieux s'en gausser, et Houellebecq nous tend un miroir où nous retrouvons toutes nos séquelles de beaufitude, et tous ces combats dérisoires pour s'en désolidariser: cette pétition, signée pour stigmatiser ceux qui refusent un asile pour migrants dans notre rue... Le Michel nous dit, j'ai fait les grandes écoles comme vous, occupé des postes importants, comme vous, mais au moins, je vois clair, sur moi, et sur vous autres......
          Dans Sérotonine, il s'agit de tourner en ridicule cette quête du bonheur, de l'harmonie que nous vendent les marchands de zen, de yoga, de méditation plus ou moins transcendantale.
          Le héros, Florent Labrouste, est employé au ministère de l'Agriculture. Bonne occasion, vous vous en doutez, pour tourner en dérision les instances européennes et les conseillers négociateurs français qui, ne venant pas de l'Agro mais d'écoles de commerce (ça tombe bien, moi aussi je déteste la déformation des mecs qui sortent des écoles de commerce) n'obtiennent jamais rien.. .
          Il a été deux fois très amoureux, les deux fois a tout fait capoter à cause soit de son irrésolution, soit de tromperies minables. Il largue sa compagne actuelle, une japonaise très chic et mode.... (dont on se demande ce qu'elle faisait avec lui)  Et, sur 340 pages, va s'acheminer doucement vers la fin. Lui, son truc pour oublier, c'est une super petite pilule blanche, un anti-dépresseur génial qui agit sur le taux de sérotonine. De laquelle il est devenu totalement dépendant. Et qui, en fait, ne lutte pas réellement contre la dépression..... Mais met le patient dans une sorte d'état d'aboulie, qui l'empêche de ressentir la souffrance, mais sans ressentir en échange quelque chose de positif. Et qui, accessoirement, rend impuissant.....
          Ce qui est intéressant, et d'une certaine façon (quand on pense aus gilets jaunes!) prémonitoire, c'est le chapitre sur la rencontre du pitoyable héros avec des paysans désespérés, jacquerie dont il parle très justement.
          Entre sa quête des deux fiancées perdues, son retrait progressif de la vie, quelques scènes qui tiennent plus de la pornographie que de l'érotisme...... Une fois de plus, c'est un portrait lugubre et réaliste de notre société que Houellebecq nous propose. Et puis, il faut supporter cette écriture atone, absolument plate, ce qui n'a rien d'évident quand on aime, justement, les écrivains qui ont une langue, leur langue.... On peu le détester: on ne peut pas ne pas y réfléchir,

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