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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

"LES OS DES FILLES" de LINE PAPIN

         J'avais assassiné, ici même, l'Eveil, le premier roman de Line Papin où tout sonnait faux. Quelle banalité que ces digressions amoureuses de jeunes adultes inintéressants sur fond d'exotisme. On sentait que la romancière se la jouait à la petite Françoise Sagan des tropiques, et cela a marché... puisque le livre a eu plutôt une bonne presse. Qui la voyait comme une nouvelle Marguerite Duras. Oh la la! Lourde hérédité...

         Dans Les os des filles, Line Papin parle de ce que les écrivains débutants font le mieux: d'elle même. De sa famille, de son arrachement au pays natal, de son anorexie, et même s'il y a encore quelques afféteries, des coquetteries de langage inutiles, on la suit. 

         Une hérédité de femmes courageuses. L'arrière grand mère, Vu Thi Gao, qui s'en va vivre seule avec ses deux filles dans une masure, pour échapper à un mari violent et une première épouse désagréable. La grand mère, Ba, qui épouse l'instituteur et décide de devenir elle même enseignante. Ses trois filles grandissent sous les bombes américaines.... La famille s'installe à Hanoi, où Ba a trouvé un poste, et la seconde fille tombe amoureuse d'un Français. Une petite fille nait, dans la joie, et même lorsque le Français décide de s'installer dans un appartement à lui, à part de cette maison où tout le monde, filles, gendres, enfants..... cohabitait, Ba est là, à deux pas, et il y a Co Phai, la chaleureuse nourrice; la petite fille grandit dans le vacarme, la poussière des rues vietnamiennes, au milieu d'une nuée d'enfants comme elle, viets, étrangers ou métis, dans une confusion joyeuse.

         Jusqu'au jour où tout le monde s'en va. Le gendre français a terminé ses études vietnamiennes. Il revient au pays. La courageuse Ba est seule, mais elle trouve son bonheur dans Internet, blogue et manifeste, intrépide.

         Et la petite fille? La famille a atterri à Blois. Bon, dieu me garde de critiquer cette ville que je respecte tout comme Vierzon ou Chateauroux, mais on imagine que la torpeur balzacienne après le gai fouillis de Hanoi, quel choc! Alors pour la petite fille, commence une longue descente dans l'enfer de l'anorexie....

         Ce qui frappe tout de suite le lecteur, dans ce livre, c'est l'absence des parents. Le père, l'historien que nous connaissons tous, c'est l'intellectuel enfermé dans son bureau. Et quant à la mère, elle a été étonnamment peu maternelle. Trop mal dans sa peau sans doute, écartelée entre deux mondes.

         Line Papin a une belle écriture, à laquelle elle devrait peut être censurer quelques excès de sophistication, mais c'est un vrai écrivain. Maintenant qu'elle a exorcisé ses démons, on lui espère une belle carrière. 

 

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