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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

NICOLAS DE STAËL au MUSEE D'ART MODERNE V ANNEES 1954, la SICILE

          En aout 1953, Nicolas de Staël achète une camionnette et embarque la famille.... au sens large, vers la Sicile. Il y a Françoise, enceinte de leur dernier fils, Anne bien sûr et ses demi-frères  et soeurs et... Jeanne Polge. 

         Etrange figure que celle de Françoise, parente de Jeannine qui fut tant aimée, et qui sait bien, dès le départ, qu'épousée quelques mois après la disparition tragique de celle ci, elle n'est qu'un ersatz, un leurre, et puis peut être, plus cyniquement, celle dont Nicolas avait besoin pour servir de mère à la petite Anne.

      

         Ensuite, avec Anne, après la mort de Nicolas, cette femme discrète s'attachera à faire connaitre son oeuvre et à en établir un catalogue raisonné.

          De là à accepter et accompagner la liaison passionnelle de Nicolas et de Jeanne... il en faut de l'amour et du dévouement!    

 

           Le peintre, à nouveau, change complètement de style.

          Après ces merveilleux paysages en strates de ciel et de mer, si poétiques avec leur palette atténuée, la Sicile lui inspire un retour aux formes géométriques, plus abruptes, aux couleurs violentes qui s'entrechoquent -et c'est toujours aussi beau..

          Il dessine frénétiquement les colonnes, les temples.. mais il ne réalisera ses tableaux que de retour à Ménerbes, en Provence

         

          En haut à gauche: Agrigente (1954)

         En haut à droite: Sicile (1954)

         A gauche Syracuse: (1954)

         A droite Paysage (1954)

 

    En 1954, Nicolas ne cesse de se déplacer. Il va à Marseille: 

          A gauche, Marseille (1954)

          Il longe l'étang de Berre.

          A droite, Etang de Berre (1954)

          Mais il vient aussi à Paris    

           A droite, Le Pont des Arts, la nuit (1954). On dirait bien que Nicolas retrouve ce noir tant utilisé dans ses premières années! Et au milieu de tout ce noir, le blanc éclatant de Notre Dame et la Sainte Chapelle violemment éclairées.

          A gauche, La route (1954) 

          Il est souvent sur la route, donc, et il la peint, avec cette longue ligne de fuite, comme un appel à être ailleurs, mais un ailleurs juste concrétisé par trois silhouettes massives d'arbres -très, très noirs! Cette route irait à Uzés, où il a un ami à qui il rend visite. Quelle composition...

                   Au bord de l'étang de Berre, il y a Martigues, qui lui inspire  cette magnifique toile où le noir se marie à une de ces couleurs violentes trouvées en Sicile

          A droite, Les Martigues (1954)

           Il va aussi sur les rivages de la mer du Nord:  

        Terre du Nord (vers 1953) à droite

         A gauche, Marine la nuit (1954)

          Encore un bateau:  a gauche, Bateau de guerre (1955), peu de détails, mais une inquiétante masse grise. 

          Tout lui réussit. Il a eu en 1954 une exposition très remarquée dans la galerie de Paul Rosenberg à New York, et une à Paris chez Jacques Dubourg.

          En même temps, il se rapproche de plus en plus de la figuration. Voyez, à droite , Nature morte au billot (1954) où la couleur éclate au milieu d'un noir lumineux.

          A gauche Nature morte en gris (1954)

          A gauche Le bocal (1955) Sa peinture était épaisse, travaillée au couteau, voire à la truelle; mais voyez comme il sait aussi la rendre légère, fluide, presque évanescente.. 

          En bas à droite, Les mouettes (1955); cet oiseau qui s'envole a quelque chose de prémonitoire...

          Il s'est cette fois installé, seul, à Antibes, il veut être plus près de Jeanne, mais celle ci qui est mariée et mère de famille, Jeanne qui certes a du être séduite -un si bel homme -, à la fois athlétique (mesurant 1 mètre 96 quand même!!) et aristocratique, René Char parlait de sa "gueule d'épervier", et voyez le, en bas à gauche, dans son atelier, très dandy- ne veut pas foutre sa vie en l'air pour lui. Elle rompt. Alors on sait comment l'histoire finit, et on se dit: non, que la vie d'un tel génie se termine à 41 ans pour une bonne femme, non. Comme Françoise, elle lui survivra très longtemps. Je me demande ce qu'elle a éprouvé... René Char, instrument involontaire du destin (c'est par son intermédiaire que Nicolas avait rencontré la famille de Jeanne), lui aussi se révolte par ce qu'il voit comme le triomphe de la folie... 

         

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