Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
ninidesLaux.over-blog.com

Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

LOUIS JANMOT au MUSEE d'ORSAY: LE POEME DE L'ÂME

         Ki ça? Rassurez vous: vous n'êtes pas le seul à qui ce nom ne dit rien, absolument rien...

         Dans le Monde, (ou Libé, je ne sais plus), je l'ai vu qualifié de "fanatique religieux" Ainsi va le monde: dans la presse, là où un musulman sera qualifié de pieux, un catholique le sera de fanatique.

          Alors oui, Louis Janmot (1814-1892) fait partie d'une mouvance qui porte témoignage de son temps, et son oeuvre, terriblement datée donc,  peut prêter à sourire, il n'empêche quelle intéressa Baudelaire, Delacroix et Théophile Gautier. Il n'est donc pas idiot de s'y intéresser à notre tour...

          Oeuvre d'une vie, le Poème de l'âme raconte tout simplement, en deux parties distinctes, le voyage d'une âme sur terre, d'abord innocente, puis fragile et blessée.

         En haut à gauche, cet autoportrait de Janmot, (vaguement déguisé en troubadour du moyen-âge?) alors âgé de 18 ans et élève aux Beaux-Arts de Lyon a quelque chose de bizarre..

         Entrons maintenant dans l'oeuvre.    C'est le parcours du héros et de son âme soeur, une jeune fille éprise comme lui de pureté et d'harmonie. Chaque tableau est accompagnée par un poème en vers. Eh oui, Janmot aussi aspirait à l'art total    

         Pour être peint, c'est bien peint. On se croirait chez Monsieur Ingres...

         

         En haut à droite, première étape: I Génération divine. Le créateur, au centre, entouré de l'Esprit Saint et de Jésus Christ, engendre l'âme qui va habiter un nouveau né... Sous ses pieds, le Passé, le Présent et l'Avenir.

         A gauche, III L'ange et la mère

          A droite, IV, le Printemps. Notre jeune héros, tout de rose vêtu, a rencontré son âme soeur, cette petite fille en blanc qui l'incite à le suivre dans la découverte de ce jardin d'Eden.

 

     A gauche, VII Le mauvais sentier. Nos deux héros sont des ados maintenant, et ils se serrent pour s'éloigner au maximum des figures tentatrices; de l'autre côté du chemin, la nature est rocheuse, hostile... pauvres petits.... mais au début on ne comprend pas car on s'imagine que les tentateurs sont des ecclésiastiques, heureusement, les cartouches sont là pour nous faire comprendre qu'il s'agit de professeurs en toge, symbolisant l'infâme enseignement laïc!!!

         A droite, XI Virginitas Nos deux chastes héros sont séparés par une symbolique fleur de lys. Il caresse une colombe, et elle, qui désormais porte un voile sur ses cheveux, une panthère, animal sauvage que leur pureté a domestiqué.

         A gauche, XII L'échelle d'or. Toujours chastement endormi, le couple voit sur une échelle se déplacer des anges qui symbolisent les arts: poésie, peinture, musique, astronomie, science...

          A droite XIII Rayons de soleil Le héros ne regarde pas la vilaine brune à droite, qui avec sa robe colorée et sa couronne rouge dans les cheveux, symbolise la tentation...

         A gauche, XIV Sur la Montagne L'atmosphère pure et froide serait inspirée par l'illuminisme, dont l'influence est considérable sur la poésie du XIXe, nous apprend t-on. 

         A droite, XVII L'idéal: le couple s'envole vers les nues, elle lui montre le chemin, il pose sa main sur son coeur, mais c'est fini. Le geste de la jeune fille, c'est aussi un adieu; elle rejoint la paix céleste; il retournera sur terre.

         Dans XVIII Réalité, le voilà seul sur la tombe de la bien aimée.          

         Mais ça, ce n'est que la première partie du Poème de l'âme. La seconde partie raconte les tribulations de notre héros soumis, pouah! à toutes les tentations terrestres, à la débauche. Cette partie dessinée au fusain est plus difficile à reproduire (même si beaucoup plus rigolote...)

         . Voyez, à droite, dans IX Sans Dieu, comment dans un paysage désolé, au bord d'un précipice, il écrase l'Evangile sous son pied....

        Parmi les horreurs que subit notre héros, il y a XII Le supplice de Mézence (décrit dans l'Eneide). Le supplicié est attaché à un cadavre...   Je trouve que là, notre Janmot va assez loin dans l'érotisme gore..      

        Bien sûr, on ne serait pas allé voir Janmot s'il n'était exposé en même temps que Van Gogh (mais y a moins la foule...), pourtant, c'est loin d'être inintéressant car c'est aussi le reflet d'une époque, avec ce goût immodéré pour le fantastique, l'onirisme; c'est Heinrich Füssli, William Blake; c'est Odilon Redon, que Janmot connaissait bien.              Les petites salles annexes nous présentent un certain nombre d'oeuvres de ce temps (dont Odilon Redon) qui remettent ainsi le Poème de l'âme en perspective. La psychanalyse n'est pas loin...

        On termine, à droite, par un petit paysage, Vallons et prairies en Bugey (d'où la famille était originaire), car Janmot a aussi travaillé en plein air avec son ami des beaux Arts de Lyon, Paul Flandrin, et ce sont ces paysages vallonnés et assez sauvages qui serviront de décor à sa grande oeuvre!!

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article