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Une analyse critique de films, livres, opéras et expositions de peinture

BONNARD, PIERRE ET MARTHE

Vincent Macaigne

             Ils se sont peut être croisés dans un salon.... Qui? eh bien, Ravel et Bonnard... En tous cas, ils eurent des amis communs. Voilà bien singulier, que leurs deux histoires de vie soient portées à l'écran en même temps! Deux récits qui se passent dans le même milieu, la bourgeoisie intellectuelle et cultivée du premier  quart du siècle dernier. Bien singulier, mais bien intéressant de voir que le cinéma français peut être ambitieux. En tous cas, Martin Provost, lui, a réussi son film. C'est, sans doute, plus facile de filmer la composition picturale que la composition musicale. Et puis, on sait beaucoup de choses sur la longue (cinquante ans!!) histoire d'amour (mais aussi d'incompréhensions, de tromperies) entre Pierre et Marthe.

Cécile de France

             A part ça.... je déteste la peinture de Bonnard (mais je n'apprécie guère, non plus, la musique de Ravel). S'il s'est revendiqué, au début, nabi, il a surtout représenté un post- impressionnisme criard et peu intéressant. Toutes ces représentations de Marthe dans sa baignoire, quel ennui!! Et comme on est loin de l'héritage de Gauguin que revendiquaient Serusier et Maurice Denis, les nabis les plus patentés....... 

André Marcon

             Donc, Pierre, peintre encore alors peu connu (Vincent Macaigne, excellent et de surcroit exceptionnellement ressemblant!) rencontre dans la rue une jolie jeune fille (Cécile de France) à qui  il demande de poser pour lui. Et, tout de suite, c'est l'amour fou. Ils s'installent ensemble. Les règles sont claires: il ne veut pas de mariage, il ne veut pas d'enfant. Il n'est pas question de la présenter à sa famille. Elle lui dit qu'elle est orpheline, d'origine aristocrate et italienne. Ce n'est que trente ans plus tard, au moment de leur mariage, qu'il découvrira  qu'elle est berrichonne et qu'elle a une soeur, des nièces, et une mère à demi impotente qu'elle ne voit jamais mais à qui elle envoie de l'argent.

Hélène Alexandridis
Grégoire Leprince-Ringuet

           Drôle de débuts pour une histoire basée en partie sur le mensonge (pour Marthe) et sur le déni de l'identité de l'autre (pour Pierre).... On ne donnerait pas cher de sa survie. Et pourtant....

             Elle tient la maison, elle sert le maître, elle a droit à deux petits chiens, deux bassets. Ils s'installent à Vernon, en bord de Seine, en pleine nature. Claude Monet (André Marcon), vient leur rendre visite, en barque, de Giverny, accompagné d'Alice Hoschedé (Hélène Alexandridis), en apportant le coq bien mijoté (Monet préférera rester peindre des nénuphars). On voit passer aussi Edouard Vuillard (Grégoire Leprince-Ringuet), autre membre fondateur du mouvement nabi, dont il s'écarta également. Toutes ces images de bonheur champêtre, de forêts lumineuses, d'eau paisible, dans un éternel printemps, sont impressionnistes en diable...

Stacy Martin

           Mais si on vous dit que le premier mécène de Bonnard fût Thadée Natanson.... aïe, vous voyez qui va débarquer. Misia bien sûr. Qu'Anouk Grinberg transforme en folle de Chaillot; il y a en particulier une scène ridicule avec Marthe dont Provost aurait bien pu faire l'économie. Puisque cette grande extravagante, égérie d'une petit monde aussi mondain que cultivé vous intéresse tant, que ne réalisez vous un biopic.... sur sa personne!! A noter que Thadée Natanson lui même fût aussi un personnage bien intéressant... 

         Mais les années passent et les amis se raréfient. Car Marthe devient de plus en plus acariâtre, solitaire. Elle accumule les scènes. Et Pierre la trompe de plus en plus. Au point de presque promettre le mariage à une jeune et jolie ambitieuse blonde, qu'il peint aussi beaucoup, Renée Monchaty (Stacy Martin). Mais il reviendra à Marthe (comme un chien retourne à son vomi?), et se décidera enfin à l'épouser. Et la pauvre Renée se suicidera.

       Le couple s'installera dans le midi, nous proposant encore de superbes images.... Film très intéressant donc. Par sa beauté, par son intelligence, parce qu'il nous montre en long et en large le geste de peindre.... mais qui là encore, ne nous apprendra rien sur l'homme: pourquoi finalement Bonnard aura t-il passé sa vie aux côtés d'une femme qui, en fait, ne devait pas être très intéressante? Ne pouvait-il être amoureux que d'une femme peinte, d'une femme modèle, d'une femme sur une toile? 


 

 
 
 
 
 
 
 
 
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