9 Avril 2022
Ryusuke Hamaguchi nous a habitués à écouter des histoires qui s'étalent sur trois films. Aujourd'hui, nous avons droit à trois histoires à l'intérieur d'un même film.... et c'est une grosse déception par rapport à ce que l'on en attendait. Tous les critiques l'ont dit avec extase: c'est du Rohmer! et c'est exactement ce que j'ai ressenti. Sauf qu'à Rohmer, en son temps, je préférais John Ford et Howard Hawks... et là, j'ai ressenti la même sensation d'ennui, d'inutilité, de vacuité, complètement étrangère aux films précédents de Hamaguchi.
Premier sketch: Gumi (Hyunri), la douce attachée de presse, vient d'être foudroyée par la rencontre avec un jeune homme; ils ont commencé à parler; et ils ont passé la journée complète à parler ensemble! mais sans encore coucher -Gumi est une jeune femme romantique. Alors, elle se confie à sa meilleure amie, Meiko, le modèle avec qui elle vient de faire une séance de photos (Kotone Furukawa) qui comprend que le prince charmant n'est autre que celui qui l'a larguée après qu'elle l'ait trompé.. La petite peste va alors essayer de saccager toute cette belle histoire. Bof...
Dans le second sketch, Nao (Katsuki Nori) est une femme mariée et même mère de famille qui a repris des études à la fac et est, manifestement, mal à l'aise dans sa peau. Alors elle couche à droite et à gauche, et son copain du jour, furieux de ne pas avoir été retenu par le professeur Segawa (Kiyohiko Shibukawa, qui a constamment l'air de se demander ce qu'il fout dans ce foutu film...) parmi ses étudiants (Segawa a accédé subitement au vedettariat après la parution d'un roman), mijote une vengeance: Nao va demander au professeur de la recevoir et elle va lui lire un passage salace de son roman tout en le filmant à son insu. Mais rien ne se passe comme prévu. Segawa garde son air ahuri.... et le passage salace est tellement grotesque qu'on se demande s'il faut en rire ou en pleurer. Bref, c'est très bête.
Le troisième sketch pourrait être le plus touchant. Natsuko (Fusako Urabe) est une solitaire, elle aussi très mal dans sa peau qui croit reconnaitre en Aya (Aoba Kawai), quelqu'un qu'elle a beaucoup aimée, vingt ans plus tôt. Aya croit aussi vaguement reconnaitre une ancienne amie. Quand les jeunes femmes comprennent leurs méprises, elles continuent à jouer ce jeu de la séduction, et au fond, Aya, pas particulièrement épanouie dans son couple, n'aurait elle pas été, elle aussi, autrefois, troublée par une autre fille? Là, oui, j'ai cru reconnaitre la voix de Hamaguchi et pas un Rohmer de pacotille. Mais si vous ne connaissez pas encore ce réalisateur majeur, allez voir Senses, allez voir Drive my car.... mais pas ces Contes là, que vous allez trouver bien longs pour pas grand chose.